Romain Heinrich allie Jeux Olympiques et études supérieures en IAE

Mis à jour le  16 avril 2019

Romain Heinrich allie Jeux Olympiques et études supérieures en IAE

e6db0afc-c6c4-43e4-ba99-fb185cac792f.jpeg

Les Talents de la ruche : Musique,Comédie, Sport, Ecriture... certains jeunes mènent une double vie entre études supérieures et vie artistique ou sportive. Après vous avoir présenté le trio musical L.E.J. la semaine dernière, découvrez aujourd'hui Romain Heinrich. Ce tout jeune diplômé de l'IAE Grenoble a 24 ans est sportif de (très) haut niveau puisqu’il a notamment participé aux JO 2014 de Sotchi en bobsleigh. Il nous parle de sa vie trépidante !

talent de la ruche

Salut Romain ! Peux-tu te présenter un petit peu? Quel est ton parcours académique ? Je suis Alsacien d’origine, et je suis expatrié à Grenoble depuis 5 ans pour mes études. J’y ai découvert l’athlétisme d’abord, puis le bobsleigh ensuite. En février dernier, nous nous sommes qualifiés aux jeux olympiques de Sotchi et j’ai eu le plaisir de participer au bob à 2 et au bob à 4. Côté études, je suis ingénieur diplômé de Grenoble INP en génie industriel et j’ai obtenu tout récemment un master d’administration d’entreprise à l’IAE de Grenoble.

Portrait Canal+

Pourquoi avoir choisi de te lancer dans le Bobsleigh ? C’était un peu un hasard. On m’a proposé de faire des essais, il y a 3 ans, dans l’optique de rejoindre le collectif France. L’équipage numéro 1 recherchait un athlète puissant et qui court vite pour progresser à la poussée !

"Après ma première descente, j’ai adoré les sensations de glisse et de vitesse et j’ai tout de suite su que j’allais adorer ce sport!"

Le projet sportif que mettait en place l’équipe était aussi séduisant et j’ai souhaité m’investir dedans. Sur le plan individuel, il fallait se faire sa place dans l’équipe ; sur le plan collectif, nous devions apprendre et progresser sans cesse sur 3 ans pour espérer une qualification aux jeux olympiques. C’était bien construit et très motivant !

Si vous avez un jour l’occasion d’essayer, FONCEZ ! C’est unique en son genre et les sensations sont garanties !

Comment t’organisais-tu pour combiner entrainement sportif et études ? Que ça soit à Grenoble INP ou à l’IAE, je n’ai pas souhaité passer de diplômes « au rabais » en me faisant exempter de certains enseignements ou en étalant la formation. Ce sont des dispositifs qui sont parfois possible grâce aux statuts de sportif de haut-niveau, mais cela ne m’intéressait pas.

"La priorité a toujours été les études".

Il a donc fallu trouver une certaine efficacité pour apprendre vite et réussir ses examens du premier coup. Cela n’a pas toujours été rose mais en définitive, j’ai vraiment le sentiment d’avoir acquis des compétences, c’est bien là l’essentiel. La clé de la réussite ? Ça a été d’impliquer un maximum les enseignants dans mes projets. Cela leur a permis de voir que c’était du sérieux. Je me suis aussi efforcé de tracer une feuille de route claire, avec en ligne de mire les JO, et des points de passages, des étapes à franchir. Cela m’a donné de la confiance et c’était aussi plus simple pour donner de la visibilité aux autres. On trouvait donc toujours un moyen de s’organiser. Quels sont selon toi les avantages et les inconvénients à être étudiant sportif de haut niveau ? Quand on est sportif, je pense que c’est une bonne opportunité d’être étudiant, à condition que la formation plaise au sportif. Cela permet de bénéficier d’une structure stable qui t’accompagne dans ton projet professionnel mais aussi dans ton projet sportif avec notamment la présence de tuteurs qui sont souvent de bons conseils. L’inconvénient, c’est que cela demande un travail double. Il y a le risque de se disperser et de rater sur les deux tableaux. Parfois, on doit sacrifier certaines matières en se disant « si j’ai 10, ça suffira ». Mais à côté de ça, ça forge chez le sportif un certain caractère et de belles qualités. Mon constat, c’est que tous les sportifs que je connais sont des hommes d’action. Ils vont à l’essentiel et surtout ils n’ont pas peur de retrousser les manches pour rentrer dans le détail là où c’est nécessaire. Donc si en plus, ils sont capables d’avoir de bonnes idées, il n’y a plus aucune raison pour que cela ne plaise pas à un patron plus tard ! Et les JO de Sotchi comment c’était ? Je vais essayer de rester synthétique… car cette aventure était à la hauteur de toutes mes espérances! J’ai connu toutes les émotions à Sotchi.

JO romain

(Romain, en 2nd position dans le bob)

  • La fierté, quand j’ai appris ma qualification, quand j’ai reçu l’équipement officiel « France olympique » (du Lacoste, on était les mieux habillés!), quand nous avons défilé lors de la cérémonie d’ouverture.
  • L’excitation, dans les tous premiers jours, où nous avons pu voir quelques épreuves, comme le biathlon de Martin Fourcade ou le combiné nordique de Jason Lamy-Chapuis. C’était d’un gigantisme époustouflant, avec des infrastructures toutes neuves, une atmosphère unique, des spectateurs chaleureux.
  • Le stress, juste avant la course de bob à 2. En bob à 2, on a beaucoup plus de responsabilités qu’en bob à 4 quand on est pousseur. Toute la saison, nous avions produit de bons résultats et on voulait faire la course parfaite, en alignant 4 belles descentes.
  • "On s’est beaucoup mis la pression"
  • Ça a été décuplé par les centaines de messages d’encouragement qu’on a pu recevoir. Je ne m’y étais pas forcément préparé.
  • La déception, après notre 3ème et notre 4ème manche de bob à 2, où nous réalisons coup sur coup deux mauvaises descentes. Cela ne reflétait pas notre niveau et on a rétrogradé jusqu’à la 20ème place, notre moins bon résultat de la saison.
  • L’impatience, entre la course de bob à 2 et celle de bob à 4. Nous étions toute l’équipe ensemble, à réaliser nos derniers entraînements, à effectuer les derniers réglages. On se sentait monter en puissance et c’était vraiment plaisant.
  • La joie, enfin, avec une course réussit en bob à 4. A l’image de notre semaine, sur chaque descente on a progressé et grappillé des places au classement. Au final, on termine 17ème ce qui était notre meilleur résultat de la saison. La course de bob à 4 étant le dernier jour, nous avons sauté dans le bus pour assister à la cérémonie de clôture. Encore un moment unique, suivi d’une fête inoubliable.

"C’est vraiment dans ces moments là qu’on se sent vivre, en fait".

Quels sont tes prochains projets professionnels ? Je suis justement à la fin d’un cycle. Je m’étais organisé de telle manière à synchroniser la fin de mes études avec la fin de l’olympiade. J’entre donc sur le marché du travail et je dois maintenant m’organiser de telle manière à mener de front carrière professionnel et sport de haut-niveau. Pour l’instant, je n’ai pas trouvé la recette miracle car certains dispositifs qui pourraient m’aider ne dépendent pas que de moi. L’idée, c’est de s’entraîner dur pendant 4 ans pour viser les meilleures places aux prochains jeux à Pyeong Chang en 2018… tout en se faisant son expérience en entreprise, en portant de beaux projets avec pourquoi pas, des responsabilités. Je sais que les employeurs attendent beaucoup d’investissements de la part de leurs jeunes ingénieurs.

A moi de leur montrer que je suis quelqu’un d’efficace qui peut concilier les deux!

Question difficile... Où te vois-tu dans 10 ans ? JOKER ! J’étais comme vous, du genre à me projeter, à penser carrière. Et puis je me suis rendu compte que se fixer un cap trop rigide et trop lointain, c’était le meilleur moyen pour rater de belles opportunités.

Qui aurait pu dire que le scientifique que j’étais en arrivant à 19 ans à Grenoble, serait aux JO 5 ans plus tard ? CQFD.

Tout ce que je peux espérer, pour dans 10 ans, c’est bien évidemment d’être en bonne santé, et d’avoir de nouvelles histoires à vous raconter, en bobsleigh ou ailleurs !

Bobsleigh - Winter Olympics Day 15

(Romain, pousseur à gauche)

A quelle compétition pourrons-nous te voir prochainement ? Sur le très court terme, j’ai les championnats de France élite d’athlétisme ce week-end, à Reims. Je suis qualifié au lancer du poids et j’espère terminer dans les 8 premiers. Après cette échéance, j’ai prévu d’avoir 4 mois sans compétition. Pour l’année olympique, j’ai disputé 45 compétitions (bobsleigh et athlétisme confondu), ce qui était nécessaire mais c’est un peu trop. Je vais donc me reposer et m’entraîner au calme jusqu’à la saison de bobsleigh qui reprendra en novembre. Il y aura néanmoins deux rendez-vous incontournables l’hiver prochain : - Les championnats d’Europe à La Plagne fin janvier, à domicile. - Les championnats du Monde à Winterberg (Allemagne), début mars. Ton proverbe ou ta phrase fétiche ? « Celui qui veut atteindre un objectif lointain doit faire de petits pas. » Saul Bellow Après tout ce que je viens de vous raconter, ça paraît logique, non ?   Merci Rom'! Pour en savoir plus sur son palmarès : Fiche Romain Heinrich - Esprit Bleu

URL copiée