Journée Nationale des Jeunes : j’échoue donc je réussis !

Journée Nationale des Jeunes : j’échoue donc je réussis !

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Publié le 23 mars 2017 , par Guillaume Plaisance

Sommaire :

La Journée Nationale des Jeunes 2017 est placée sous le signe très particulier de la place : trouver sa place, aujourd’hui, lorsque l’on est jeune. Complexe tâche dans une société qui n’a toujours pas accepté que l’échec fasse partie de la formation et de l’expérience d’une personne. Voire même qu’il soit plus formateur que la réussite.

Pourquoi avoir peur de l’échec ?

Mais d’où vient cette peur omniprésente de l’échec ? À priori de notre plus tendre enfance, à l’école. L’échec scolaire est une abomination, et assure l’ostracisme social. Les moins bons élèves sont envoyés vers les honnies voies de garage que sont les filières professionnelles (quelle honte d’ailleurs de les associer à l’échec) ; comme si la voie générale était en essence garante de la réussite…

L’échec scolaire, c’est avant tout l’inadaptation d’un enfant ou d’un adolescent à un ensemble de compétences et de méthodes qu’il doit acquérir ; parce que telle est aujourd’hui l’école, où l’apprentissage du savoir a été substitué à celui du savoir-faire (qui risque pourtant l’obsolescence avec l’arrivée du numérique et des nouveaux métiers). L’institution elle-même craint l’échec, et c’est pour cela que l’on assiste depuis des décennies à une baisse du niveau exigé ainsi qu’à la volonté de supprimer les notes – l’indicateur imparfait de la réussite –.

Par peur de l’échec alors, les collégiens et lycéens répondent à la norme scolaire du moment (qui évolue à chaque réforme), se formatent et ne parviennent pas à parfaire pas leur libre arbitre. Commence alors un cercle vicieux terrible où la possibilité de réussite ne suffit plus à compenser le risque d’échec, devenu une véritable obsession : les anticipations négatives nous privent de notre capacité d’initiative ou du succès avant même que le moindre signe d’échec ne fasse son apparition.

Et pourtant, ils sont nombreux les entrepreneurs à prendre la parole de nos jours pour nous expliquer combien leurs premiers échecs leur ont permis d’être encore plus efficaces et performants par la suite ! Je pense à Léa Beli ou Emmanuelle Coulon qui, dans ces colonnes, ont si souvent fait l’apologie de l’échec. 

J’échoue donc je réussis

Évidemment l’échec affaiblit, fait mal, affecte profondément … dans un premier temps. Et lorsque le temps nous permet de prendre le recul nécessaire, lorsqu’il est possible, avec sang-froid et objectivité, de comprendre les raisons de cet échec (exogènes, incontrôlables ; ou bien endogènes, et ce sont celles-là qui sont les plus intéressantes), alors l’échec apparaîtra comme salvateur.

Je pense plus modestement à mes expériences associatives, qui pourraient être transposées à l’entrepreneuriat : lorsqu’un événement n’attire pas suffisamment de public, lorsqu’une stratégie ne suscite pas l’adhésion des collaborateurs (qu’ils soient salariés ou bénévoles, peu importe ici), lorsque la structure doit fermer ses portes ; je peux vous assurer que vous retiendrez toujours plus que si tout s’était bien passé.

Parce que oui, l’échec est aussi (voire plus) formateur que la réussite. La réussite (en général relative, qui se résume à la satisfaction des objectifs) mène souvent à l’inertie et à la reproduction de l’acquis. À l’inverse, échouer, c’est être contraint de se soumettre au jugement (personnel ou collectif) et à la remise en cause. Cette réflexivité-là, tellement rare de nos jours, est précieuse.

jeunesse echec

Bien sûr que l’enjeu financier pourrait balayer tous les arguments précédents dans le cas d’une entreprise, et difficile de se reconstruire moralement s’il faut en plus affronter des problématiques économiques. C’est-là tout l’enjeu du système assurantiel, des couveuses et des incubateurs que j’ai maintes fois abordé.

Quid du côté professionnel et universitaire ? Idem ! Chacun a le droit d’avoir commis une erreur dans son orientation ou dans le choix d’une entreprise ou d’un poste. Un droit qui n’est pourtant pas reconnu aujourd’hui, et démissionner est le signe d’une faiblesse ; sans parler d’abandonner des études pour se réorienter. Une tare, une honte. Dans un monde où la formation continue est au cœur des problématiques, il serait temps de se défaire de cette idée.

jeunesse réussite

Parce que trouver sa place n’est ni évident, ni aisé ; acceptons l’idée selon laquelle l’erreur et l’échec sont enrichissants, au même titre que les autres expériences et que notre passé en général. N’en ayons pas honte, faisons-en une force qui nous est propre, qui nous différencie, qui nous rend unique et réflexif. Après le « je pense donc je suis » cartésien, j’échoue donc je réussis, assurément !