Quand le gouvernement commande aux Inspections Générales un rapport sur le régime de l’auto-entrepreneur (AE), ce sont des milliers d’entrepreneurs qui frémissent. Tour d’horizon rapide de l’actualité d’un monde si essentiel à l’économie.
Un contexte difficile malgré un retour dans l’actualité
Dans un contexte économique peu favorable à la prise d’initiative, l’entrepreneuriat reste pourtant fort et prend une telle ampleur que ces acteurs représentent une part non négligeable de l’activité économique nationale. Cette branche de l’activité économique globale reste pour autant très attractive, et notamment pour les jeunes, toujours plus nombreux à s’engager et à prendre le risque tant humain que financier que représente la création d’une entreprise. Ce courage mérite d’être souligné et accompagné pour être mené à succès. L’entrepreneuriat est actuellement au cœur de l’actualité en raison de deux évènements majeurs : - la clôture le 29 avril dernier des Assises de l’Entrepreneuriat, qui ont donné la parole à de très nombreux acteurs nationaux, et notamment jeunes (tels que Moovjee ou encore Wizbii) ; - la remise du rapport sur l’évaluation du régime de l’auto-entrepreneur par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS). Comment ne pas se réjouir de la consultation d’acteurs « jeunes » ? La prise de conscience, celle qui affirme que l’entrepreneuriat reste l’affaire de tous sans distinctions, et notamment celles liées à l’âge, est donc en marche. Cependant, la morosité ambiante, la crainte pour l’avenir ont gagné certains jeunes. Il y a un ou deux ans environ, une large moitié des jeunes était prête à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, ce qui représentait une progression rapide du sentiment entrepreneurial en France. Aujourd’hui, le chiffre est resté constant alors qu’il a largement progressé dans l’Union Européenne. Pire encore, une partie de ces jeunes préfère partir à l’étranger ou a mis de côté leur envie. La faute à un contexte défavorable ?
Oui, mais pas uniquement. Il existe un vrai manque de confiance : « L’entrepreneur est encore malheureusement suspect », c’est ce qu’affirmait il y a quelques mois un dirigeant du Moovjee. Cette méfiance est présente dans les sphères économiques mais aussi au plus haut sommet de l’Etat. Cette carence de culture entrepreneuriale, le poids de la fiscalité sur les entreprises et bien d’autres facteurs ont eu raison du désir des jeunes.
N’oublions pas que les acteurs sont nombreux ! Les conclusions des Assises de l’Entrepreneuriat sont intéressantes dans la mesure où elles ont pour objectif – en ne s’intéressant ici qu’aux jeunes – de favoriser les rapports et collaborations entre les établissements d’enseignement et les entreprises. Cependant, les associations se sentent délaissées.
C’est en particulier le cas de l’AERJE que je préside : nous déplorons que les associations soient les grandes absentes de la liste des futurs acteurs. S’il est question de s’interroger sur les modalités à mettre en place pour « fédérer les initiatives publiques, associatives ou privées en faveur du développement de l’esprit d’entreprendre et mutualiser les moyens des acteurs », le monde associatif n’apparaît plus ensuite. Sans vouloir se substituer aux entreprises et aux formations spécifiques, les acteurs les plus compétents en la matière ; les associations sont en mesure de contribuer à la réalisation des objectifs fixés, comme le démontre d’ores et déjà l’existence d’un certain nombre de ces structures.
L’auto-entrepreneuriat, un statut éphémère désormais ?
Concernant les Auto-Entrepreneurs, le gouvernement ayant réaffirmé sa volonté de conserver le statut d’« auto-entrepreneur » en tant que tel, beaucoup sont rassurés. Si le rapport de l’IGF-IGAS souligne que des bases nouvelles doivent être posées, il rappelle également que le « régime fait l’objet de critiques récurrentes, pour parties infondées ». Ce statut est particulièrement apprécié des jeunes (43 % des créateurs ayant choisi le statut d’Auto-Entrepreneur a entre 20 et 34 ans), ce qui explique que nous y soyons très attachés. Ainsi, si celle du chiffre d’affaires semble légitime, une éventuelle limitation dans le temps du statut peut paraître inquiétante. Alors que le rapport de l’IGF et de l’IGAS se veut défavorable à une telle limitation, une durée d’un à cinq ans est envisagée.
Quand les Assises de l’Entrepreneuriat affirment que la prise de risque est un facteur fondamental à prendre en compte, la remise en cause de la durée illimitée du statut d’auto-entrepreneur a tendance à déconsidérer – voire minimiser – ladite prise de risque. Les jeunes, débutant dans le vaste monde de l’entreprise qu’ils auraient fondée, ont besoin de ce filet de sécurité qui les protège juridiquement et financièrement ; en sachant que les risques et difficultés ne disparaissent pas au bout d’un an, et peuvent persister au-delà des cinq ans. J’espère donc que le projet de loi retiendra la position tant défendue par les entrepreneurs, les inspecteurs de l’IGF et de l’IGAS que l’AERJE.