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Nous voici à quelques jours de la rentrée universitaire, période tant redoutée par certains étudiants dans la mesure où, comme je l’ai souligné dans un précédent article, les coûts d’une rentrée étudiante sont croissants d’année en année.
Financer ses études : de l’indispensable à l’impossible
Faire face à une difficulté majeure
Je ne surprendrai personne en affirmant que tous les étudiants ont besoin de financements pour leurs études. Les postes de dépenses sont en effet nombreux : alimentation, logement, frais parascolaires et scolaires, santé, transport, internet… Tout dépend évidemment de la situation effective de l’étudiant : habite-t-il toujours chez ses parents ? A-t-il un logement lui permettant de ne pas utiliser de transports ? Si les situations particulières ne doivent pas être généralisées pour des raisons évidentes, il n’en reste pas moins alarmant de constater la souffrance des étudiants. Souvent exploitée par les syndicats étudiants pour attaquer le pouvoir politique, la situation doit être prise très au sérieux. La situation des étudiants scolarisés en établissements publics est délicate, je ne le renie pas. Mais je souhaiterais ici m’attarder sur celle des jeunes qui étudient dans des écoles privées – qu’elles soient sous contrat ou non. Les effectifs des jeunes ayant fait ce choix d’orientation sont intéressants : ils représentent environ 800 000 étudiants, soit plus d’un tiers des étudiants. Pour pallier cette difficulté, les solutions semblent être toutes trouvées : emploi étudiant, bourses, apprentissage…
J’ai d’ores et déjà exprimé dans un précédent article mon amertume quant à la première solution en raison de l’augmentation significative du risque d’échec scolaire dans ce cas. Quant aux bourses, elles ne peuvent à elles seules répondre aux demandes des étudiants, ce qui mène Jacques Attali, dans son ouvrage "Urgences Françaises", à proposer un renforcement d’une telle mesure. L’apprentissage, quant à lui, semble être la solution miracle avancée par les écoles : alterner entre l’école et l’entreprise, et ce en contrepartie d’un salaire. En effet, l’apprentissage offre une formidable opportunité d’expérience professionnelle et permet d’éviter l’écueil précédent puisque les cours sont alternés.
Une situation renforcée par la position des écoles
Il reste enfin une ultime solution, de plus en plus en vogue, en sachant qu’elle est promue par tous les établissements : le prêt étudiant. Le prêt étudiant à taux zéro garanti par l’Etat a été mis en place en 2008, ce qui est une excellente mesure, permettant aux étudiants de payer « comptant » leurs études. Si une telle mesure – je le répète, particulièrement positive et que je soutiens – est aujourd’hui si appréciée des écoles privées ou consulaires, ne nous y trompons pas, c’est en raison de son caractère sécurisant. En effet, les écoles sont assurées d’être payées en temps et en heure. Pendant ce temps, le jeune est souvent dans une situation délicate pour payer les autres dépenses de sa scolarité. Le prêt devait pourtant, initialement, permettre aux jeunes de rendre plus agréables leurs conditions d’études. Les banques qui proposent ces crédits, bien évidemment, ne réclament leurs créances qu’à la fin des études.
Néanmoins, n’ayant pas eu à leur disposition de tels ressources pendant plusieurs années, ces dernières n’acceptent aucun retard et se révèlent « frileuses en matière de rééchelonnement », comme l’écrit très justement Le Figaro Etudiant. Or tout le monde comprendra parfaitement que, sauf dans certains cas particuliers et certaines filières très porteuses, peu nombreux sont les étudiants qui trouvent un emploi dans les mois suivants la fin de leurs études. Pourtant, les prélèvements, eux, n’attendent pas. Que l’on se comprenne bien ici, je ne remets en cause ni l’Etat – j’ai conscience de la lourdeur financière d’une augmentation des bourses et des efforts faits par les différents gouvernements – ni les institutions bancaires qui réclament leur dû comme le veut la loi. Mettre fin à ces injustices Les frais d’études dans certaines écoles de commerce atteignent un peu moins de 12 000 € par an, ce qui conduit ainsi à une scolarité en trois ans de plus de 35 000 € ! Les écoles n’hésitent donc pas à nous expliquer qu’il s’agit d’un « investissement sur l’avenir » et que les salaires qui découleront du diplôme obtenu compenseront rapidement un tel investissement. Soit. Mais comment nous expliquera-t-on que les frais d’études au sein des premières écoles d’ingénieurs de France, quant à elles, ne dépassent pas 1 500 € par an ?
Qui osera dire que les perspectives de carrière ne sont pas du même niveau ? De surcroît, pourquoi les plus grandes écoles d’ingénieurs sont-elles publiques alors que celles de commerce sont consulaires ?
Aujourd’hui, seules l’École Normale Supérieure et les Instituts d’Administration des Entreprises arrivent à former à un niveau d’excellence au Commerce, quant les grandes facultés françaises parviennent à former des élites et docteurs en sciences par exemple – les docteurs en économie n’ont pas vocation à travailler dans le commerce. Je n’attaque pas ici les écoles sur leur niveau d’études, sur le niveau de leurs étudiants ou de leurs enseignants. Je le salue au contraire. Mais je ne doute pas que les écoles pourraient parfaitement survivre sans que leurs frais de scolarité ne soient si élevés. Je souhaiterais donc que toutes les écoles consulaires – rattachées au ministère de l’Economie – voient leurs frais de scolarité, comme pour les écoles d’ingénieurs publiques, fixées par décret.
Quant aux écoles privées, je souhaiterais que les frais de scolarité soient indexés sur les revenus des parents, comme l’ont mis en place de nombreux Instituts d’Etudes Politiques. J’entends déjà les critiques sur ma position : ces étudiants pourraient également faire le choix du public. Comme je l’ai déjà souligné, l’excellence universitaire en économie ne mène pas au management mais à la science économique.
D’autres me diront de regarder chez nos voisins ou outre-Atlantique. Je leur répondrai que je suis fier du système d’enseignement supérieur français et que précisément je suis hostile au système américain, générateur d’inégalités à mon sens. Quoi qu’il en soit, la situation ne peut plus durer et j’en appelle à la responsabilité des différents acteurs que sont l’Etat et les Chambres de Commerce et des Industries.