Panorama de l’écosystème entrepreneurial en 2016 - Réda-Alexandre Chappaz

Panorama de l’écosystème entrepreneurial en 2016 - Réda-Alexandre Chappaz

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Publié le 20 janvier 2016 , par Sophie Lebel

Sommaire :

Wizbii a rencontré Réda-Alexandre CHAPPAZ, fondateur de Cénacle, société spécialisée dans l’écosystème startup. On lui a demandé de mouiller sa chemise : l’année 2016, bon ou mauvais cru pour les start-up françaises ? cenacle

De mon point de vue d'économiste mais aussi via mon agence de notation, 2016 devrait être une année de stabilisation.

J'entends par là que l'écosystème est devenu assez attractif pour que de plus grands acteurs passent à l'offensive au niveau achats et investissements. Pour preuve, de plus en plus de nos clients « Corporate » acceptent notre modélisation « poke business ». Elle consiste à être client de la start-up pendant un temps, afin de vérifier la fiabilité et la compatibilité de la structure puis d'attendre le prochain tour d’investissement. Ceci est une très bonne conséquence de la politique menée par Bercy, qui a bien exécuté sa mission d’évangélisation de la FrenchTech auprès des grands comptes français.

Portrait de l'écosystème start-up français et place au niveau mondial

Ce qui est le plus probant, c'est que la zone euro est au centre de l'écosystème Tech mondial. Cela a toujours été le cas pour deux raisons: ♦ La première est que les cerveaux de la Silicon Valley sont à plus de 60 % originaires de la zone euro. Plusieurs start-up et grandes entreprises US nous informent d'une crise concernant l'immigration de génies. Le gouvernement américain voit d’un mauvais œil autant de concentration en zone californienne. Du coup, il essaie de développer Austin ainsi que New-York. C'est pour cela que je parierais sur un développement des Techno-centres de ces géants dans les pays de l'Union Européenne. La France serait en excellente position si elle abusait de son réseau diplomatique. écosystème entrepreneurial 2016 ♦ La deuxième raison est la suivante : Si une start-up US veut conquérir l'Asie ou l’Afrique, l'innovation générée doit être intégrée et acceptée par le Live Styling des consommateurs européens ou devenir un standard dans les process de grandes entreprises européennes. De mon point de vue, la FrenchTech est le programme institutionnel (rattaché à un ministère ou un organe d’État) le plus performant de la zone euro. Aucun autre pays de l'Union Européenne ne peut se targuer d'une aussi grande volonté politique de faire bouger les lignes au niveau des économies et des industries. Il ne reste plus qu'à former réellement ce programme en région et de façon humaine et structurelle. Nous prévoyons ça pour 2018, tout dépendra des élections présidentielles de 2017.

Du point de vue des entrepreneurs : quelles évolutions positives et négatives ?

Auparavant, les gens avaient envie de devenir entrepreneurs pour des raisons financières. Il me semble que c'est complètement différent aujourd’hui. On s'attache de plus en plus à une philosophie voire même à un confort de vie. Par exemple, vers 2010, il était rare de croiser un cadre supérieur cherchant à devenir son propre Boss. Aujourd'hui ce type de profil représente 10 % des entrepreneurs que je croise. La plupart ont peur de ne pas évoluer dans leur boîte et constatent que ce n'est pas si compliqué de monter une entreprise. Le profil du jeune diplômé ayant les dents longues et se voyant millionnaire dans les deux prochaines années n’est également plus vraiment d’actualité. La plupart de ces profils recherchent plutôt un style cool, détendu, ce qui favorise la consolidation de l'équipe et donc du résultat. écosystème entrepreneurial 2016 Pour donner une notion négative, nous constatons une croissance de ce que nous appelons le #StartupWashing. Toutes les nouvelles entreprises ou filiales de grands groupes utilisent les termes : start-up, innovation, disruption… dans leurs opérations de communication et organisent des manifestations afin de se donner un semblant de dynamique. Je déplore aussi une recrudescence de ces termes dans le marketing afin de promouvoir de « nouveaux » produits. Comme dans la dernière campagne de pub de la CIC ou de la BNP au printemps 2015. Ceux-ci sont d’excellents exemples du #StartupWashing. Je n'ai rien contre si, toutefois, il s'agit d'une phase d'évangélisation dans le but d'obtenir finalement une véritable dynamique de co-création. Mais en tant qu'ancien publicitaire je ne suis pas dupe. → Qu’est-ce qui aurait changé ta vie si ces initiatives avaient été créées quand tu avais 17 ans ? Pour être franc pas grand-chose. Entreprendre ce n'est pas être en phase avec son idée, mais plutôt être en phase avec son environnement et sa temporalité. Je me suis toujours attaché à cela, ce qui m'a permis de comprendre qu'il fallait faire en fonction de ce qui m'entourait et non pas de ce que j'avais envie de faire. Je le conseille toutefois à très peu de gens car il faut renier ce qu'on aime ou ce qu'on voudrait être. → Structure de la FrenchTech sur le territoire ? Comme déjà exprimé, cette mouvance doit se former humainement et structurellement. Je recommanderais ce top: île de France, Lyon, Montpellier, Toulouse Nouvelle chaîne de finance 2016 devrait être l’avènement de cette mutation. Pour la simple et bonne raison qu’elle date de 15 ans, qu’elle manque d'ambition mais surtout parce que d'autres acteurs économiques vont rentrer dans le jeu. Sans parler des nouveaux produits financiers en train de se développer.

Et du côté des Business Angel, comment sont perçues ces évolutions ?

ecosysteme startup jeune entrepreneur cenacle reda chappaz → Les entrepreneurs sont aidés, et de plus en plus nombreux … seulement les Business Angel ne sont pas aidés dans les mêmes mesures (fiscalité par exemple …). Ce manque d’aide "constitue un frein au développement des start-up en France (pas assez de Business Angel)". Je ne suis pas d'accord avec ça, ils sont suffisamment aidés pour les actions qu’ils mènent envers les PME dans lesquelles ils investissent. Cela va bientôt changer. Des modélisations du type « Asset » vont devenir de plus en plus puissantes alors que la fonction de ces investissements est principalement fiscale pour eux. Il est donc évident qu'il faut rendre l’action des B.A. plus efficiente et plus professionnelle. Rares sont les PME innovantes « stabilisées » arrivant à sortir de la zone d'amorçage et accompagnées par des BA à forte position (plus de 10% du capital). → Quelles sont les initiatives à mettre en place à court terme, à long terme ? Mutualisation des tickets pour plus de force de frappe (long terme) A l'époque où j'étais BA, la norme de levées de fonds était de 200K€ pour 20 % du capital. Les BA devraient s’organiser afin de trouver des systèmes de mutualisation bien plus performants et faire de véritables levées qui sont, à mon sens, d’avantage de l’ordre du 1M€ d'euros pour 10 % du capital. Cela doit être le travail de France Angels. écosystème entrepreneurial 2016 Mutation de France Angels (moyen terme) La transition du NUMA, à l'origine une association qui a opéré un switch en entreprise fin 2015, est un très bon exemple. Nous avons déjà développé une modélisation de type « Asset » pour eux et restons à leur disposition pour en discuter ;) Action business via les actionnaires (court terme) Une structuration des opportunités de signature de contrats via les membres des réseaux serait un point d’amélioration, à mon sens. Beaucoup de BA sont d’anciens cadres supérieurs de grandes entreprises et auraient la possibilité d'activer leurs réseaux afin de faire signer des contrats de grosse ampleur aux start-up dans lesquelles ils ont placé un ticket. Cela deviendrait une grosse source de revenus supplémentaires et un réducteur de risque pour les réseaux mais aussi leurs membres… Cela passerait par un système d’apport d’affaires: 1 - Collecte des «opportunités de transformation » via les équipes du réseau 2 - Gestion des contrats d’affaires par la « cellule business » intégrée au réseau 3 - Prise de « succes fees » (commissions) pour financer le réseau (entre 6% et 9%) 4 - Distribution entre les membres impliqués dans la transformation

2016 : bon ou mauvais cru pour les start-up françaises ?

2016 start up Encore un peu frais mais nous mettons un C+ (année 2015 C-) En économie, le plus important c’est le démarrage de la stabilisation. Nous sommes en plein dedans. C’est donc parfait pour exploiter des modélisations de produits compréhensibles par la majorité des consommateurs. Le numérique en fait évidemment partie, mais je suis très enthousiaste sur les objets connectés, e-sante mais surtout sur les finTech qui sont considérées comme très performantes dans l’écosystème Finance mondial. N’oublions pas que nous sommes français et que les standards centenaires qui ont fait notre économie peuvent aussi créer du Startuping : la mode, la cosmétique, la gastronomie et l’hôtellerie. Tout dépend de la façon dont on amène son innovation et mon petit secret est toujours dans l'ergonomie du service qu'on apporte.

En conclusion....

Il nous tarde de voir les résultats de l'élection présidentielle de 2017 car cette dernière aura des conséquences sur l'évolution de la FrenchTech et de sa place dans l'écosystème mondial. → ton vœu pour l'entrepreneuriat français en 2016 ? On se retrouve en 2017 de l'autre côté du miroir. → Une bonne résolution pour cette nouvelle année ? Arrêter de réfléchir, fermer les yeux et sauter dans le vide.