"En tant que business angel, mon premier critère de sélection est l'équipe"

Mis à jour le  24 avril 2019

"En tant que business angel, mon premier critère de sélection est l'équipe"

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Sommaire :

Réda-Alexandre Chappaz a créé 4 entreprises depuis ses 17 ans. Dix ans plus tard, il est comme il le dit "un fabricant de petits wagons après avoir été sa propre locomotive". En clair, Réda-Alexandre est l'un des plus jeunes Business Angel de France. Son rôle est d'accompagner des jeunes entrepreneurs innovants afin de les faire grandir. Découvrez son métier et ses conseils en exclusivité.

Le métier de Business Angel

Hello Réda-Alexandre, tu es l’un des plus jeunes Business Angel de France, peux-tu nous parler de ton parcours pour en arriver là ? plus jeune business angel

Étant un fort dyslexique, j'étais conscient que ma réussite ne pourrait se faire que par mes actions et non pas par mes diplômes. Je suis devenu entrepreneur à 17 ans. J'ai ainsi monté quatre boîtes en tout et toujours dans un esprit startup car mes parents m'ont inculqué la culture IBM. À 27 ans, j'ai décidé d'arrêter d'être entrepreneur. En effet, je ne voulais plus être ma propre locomotive mais un fabricant de petits wagons participant à plusieurs voyages en même temps. Voilà pourquoi je suis devenu BA mais je préfère la notion de Mentor. Une journée de business angel, ça ressemble à quoi ?

Il y a 2 genres de BA : ♦ Le premier est dans les réseaux, observe un dealflow déjà analysé. Il fait son marché. ♦ Le deuxième est plus dans la chasse. Je fais partie de cette catégorie là.

Toutes les semaines, je reçois une vingtaine de demandes de founders cherchant des investisseurs ou un Mentor. En ce qui me concerne, je source sur Twitter et LinkedIn. Twitter pour la fraîcheur des trouvailles, LinkedIn comme un scanner de structures. J'en sélectionne quatre par semaine, pour éplucher leur projet autour d'un café à la cool, sans pression ni décorum. On décortique tout, on parle de chaque pièce du moteur et on le remonte d'une autre façon afin de faire émerger des opportunités auxquelles ils n'avaient pas pensé. Tu as fondé Cenacle, quel est le concept en quelques mots, et dans quel but as-tu lancé ce projet ?

logo cenacle

Cénacle a vu le jour lorsque j'ai découvert que l'écosystème start-up n'était pas assez formé. C'était en 2012, les BA enregistraient en moyenne 80 % de pertes sur leurs investissements. En tant que fils d'ingénieur, j'ai tenté de solutionner ce problème et rendre les investissements plus sûrs. Aujourd'hui Cénacle est une agence de notation de l'écosystème startup. Nous notons les actions de personnes extérieures à l'écosystème innovant et qui souhaitent s'y installer pour des raisons: produits, nouveaux marchés, recherche, finance, fiscales. La finalité de notre intervention est de livrer à notre client un système performant et en interaction avec l'écosystème innovant. Notre client aura la possibilité d'exploiter des opportunités nouvelles, tout cela avec des startups déjà existantes en France et à l'étranger. Notre objectif est de donner plus de structure à l'écosystème entourant les startups car leur taux de mortalité vient de ce manque.

Conseils de business angel

Tu rencontres régulièrement des porteurs de projets, sur quoi te bases-tu pour les sélectionner ?

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Comme je le dis toujours, l'économie est une invention humaine. Alors mon premier critère est forcément l'équipe. Peu importe que l'on me parle de compétences et de performances, le plus important est les valeurs et les envies des membres de cette dernière.

Toutes les idées sont bonnes, il n'y a que de mauvaises exécutions.

Si on n'aime pas ce que l'on fait, on ne peut pas être bon et endurant.  

La première question : Qu'est-ce que tu sais faire ?

La deuxième question : Qu'est-ce que tu aimes faire ?

La troisième question : Pourquoi ?

En fonction des réponses à ces trois questions, j'accepte ou pas de travailler avec eux. Car investir dans une aventure, c'est aussi travailler avec les porteurs du projet. Les vibes et la symbiose entre les valeurs de chacun sont plus qu'importantes. Quels conseils donnerais-tu pour "séduire" un business angel ?

1 ♦ arrêtez de tenter de séduire

Un investisseur ne prend pas une décision parce qu'il vous trouve sympa ou que vous allez dans son sens. Sa décision positive surviendra toujours de l'existence de vos faits réels, de la réalité de votre marché et de la vision future que vous en avez.

♦ branding exigé

On n'investit pas dans un produit qui ressemble à un prototype ou dans des slides qui ressemblent à des croquis d'idée. Que l'on parle du logo, le style de votre site Web, de l'ergonomie de votre application mobile, du slogan, les couleurs, les valeurs... Tout doit être pensé et en harmonie. Pourquoi achetez-vous un produit Apple ? Parce que c'est beau, le moindre détail est pensé. C'est cher et alors ?!

3 ♦ considérez l'investisseur comme un client potentiel

Dites-vous bien qu'un investisseur misera sur vous aussi s'il se voit client ou user. S'il ne comprend pas la moindre subtilité et plus-value de votre produit, il n'investira jamais. Quels projets de jeunes entrepreneurs suis-tu en ce moment ? Oulala mais c'est un peu indiscret :) En ce moment je m'occupe beaucoup de l'agence Brass. Ils introduisent des publicitaires dans le monde de la musique. Je suis leur mentor depuis plus de deux ans, mais j'aime aussi beaucoup les applications Mobile, les objets connectés et le smart City. Brass

Quelle est ta vision de l’entrepreneuriat des jeunes en France ? Les jeunes diplômés ont pris conscience qu'ils pouvaient prendre leur destin en main. Ils ne veulent plus être des exécutants pour de grandes entreprises. Si ces derniers ont décidé de faire carrière dans de grandes entreprises, elle sera courte et aura pour objectif de se créer un réseau et des contacts.

Plus personne ne se voit passer 30 ans dans la même boîte.

Ce que je regrette le plus, c'est qu'ils pensent trop à s'expatrier. C'est une grave erreur si c'est dans un but entrepreneurial, salarial ou fiscal. Il suffit de voir l'immigration de La Silicon Valley et de constater qu'il y a aussi des Français qui sont sans papier dans le monde. Monter une entreprise à l'étranger est très complexe ! Faisons une petite équation : culture étrangère + administration étrangère + barrière linguistique + statut d'immigré = je suis revenu parce que c'était trop compliqué ... Tout cela sans parler de la montée du "patriotisme économique" présent dans tous les pays industrialisés ou en forte croissance. C'est cool pour apprendre et se faire des contacts, mais sûrement pas pour faire du business. Selon toi, à quoi les jeunes doivent-ils faire le plus attention lorsqu’ils lancent leur start-up ?

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Vaste question, mais je dirais "le produit". Si ce dernier est smart, actuel avec une touche d'avant-garde, sur un support novateur, il sera tout simplement vendable. Principe de base de l'entreprise. Ensuite je dirais qu'il ne faut pas être seul. Ce qui fait une entreprise c'est un ensemble de gens, avec des façons de penser différentes. Mais surtout, c'est de s'intégrer dans l'écosystème. Entourez-vous d'autres startups et entreprises, pitchez à fond et participez à un maximum d'events. Parlez de vos produits sans avoir peur qu'on vous copie. Car c'est la rencontre avec d'autres founders et le croisement de vos créations qui créeront assez de croissance pour faire éclore le startup.   Merci beaucoup Réda-Alexandre ! Jeunes entrepreneurs, vous avez maintenant toutes les clés en main pour séduire convaincre un business angel ! 

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