Le Cowork in Grenoble propose de manière régulière des interventions afin de faire évoluer les pratiques professionnelles et les mentalités. Ainsi, Fabrice Jonas (blogueur mode) et Jonathan Doubet (consultant à l’APEC) ont décidé de proposer une table ronde le mercredi 22 mai sur le thème « Comment s’habiller (mais pas que) pour convaincre ?».
C’est ainsi qu’une vingtaine de personnes, issues de milieux différents tels que l’informatique, l’illustration ou la formation professionnelle, se sont retrouvés pour débattre.
Dans un premier temps, afin que tout le monde puisse faire connaissance, il a été proposé un petit jeu : il fallait deviner le métier de chacun en se basant uniquement sur les vêtements des personnes. Des moments de quiproquo intéressants ont alors émergé : une entrée en matière rêvée ! Par exemple, Blandine qui avait l’air d’être comptable ou institutrice était en fait illustratrice de mode. Évidemment, elle n’a pas été surprise des remarques. Pour elle le côté pragmatique prend le pas sur le côté trendy. Victor qui venait de rentrer discrètement dans la salle a été démasqué immédiatement : un informaticien.
Une fois ce moment de découverte passé, les choses vraiment sérieuses ont pu débuter.
Un extrait d’un film réalisé par Karl Lagerfeld concernant les 100 ans de la maison Chanel a été diffusé. L’action se passe à Deauville, en 1913, et on y voit Coco Chanel s’extasier devant une célèbre comédienne de l’époque qui ose sortir dans la rue les cheveux courts et sans chapeaux. Celle-ci lui répond qu’elle en fera bientôt de même. Dans la séquence suivante, sa cousine demande à une de ses clientes où elle a acheté la superbe veste en tweed qu’elle porte. Celle-ci répond qu’elle appartient à son mari.
Les vêtements incarnent-ils encore une représentation du pouvoir?
Coco Chanel, comme femme et entrepreneur a dû briser les codes sociaux (qui se matérialisaient à travers les vêtements) afin de dépasser le plafond de verre qui empêche les minorités d’accéder aux pouvoirs. Aujourd’hui, cette question est-elle toujours d’actualité ? Au cours des échanges qui ont suivi, l’exemple d’Angela Merkel a émergé. En effet, considérée comme la femme la plus puissante du monde, la chancelière allemande a réussi à s’affirmer comme un leader sans emprunter au vestiaire masculin tout comme Margaret Thatcher. Oui, certes mais… ces exemples cachent une réalité toujours aussi sombre où les femmes accèdent peu aux responsabilités. La reproduction des élites semble elle être toujours d’actualité. C’est pourquoi, les thèses du sociologue Pierre Bourdieu sur ce phénomène restent toujours de mise.
L’image de l’entrepreneur idéal : un stéréotype qui dure
En tapant « entrepreneur » sur Google, les premières images montrent des jeunes hommes (peu de femmes) en costume cravate avec un fond blanc. Est-ce que cela correspond à la réalité que vivent les entrepreneurs ?
En réaction à cette interrogation, la réponse a été unanime : les clichés persistent. Aujourd’hui, un créateur d'entreprise passe plus de temps à travailler sur son offre que sur l’image qu’il veut donner. En d’autres termes, pour être crédible, la compétence demeure essentielle et l’image ne vient qu’ensuite : le fond avant la forme.
Steve Jobs : un exemple à suivre ?
Une nouvelle diapo est présentée à l’assistance qui montre l’évolution vestimentaire de Steve Jobs au cours des vingt dernières années. On constate qu’il portait systématiquement un pull noir en cachemire, un jean Levi’s 501 et une paire de basket New Balance.
Pourquoi s’habille-t-il comme ça ? Son identité ? Pour être reconnaissable ? Pour incarner un symbole, un repère ?
La tenue peut être un vecteur de communication. Et, le créateur d’Apple en adoptant ce non-look a voulu s’effacer devant les idées qu’il véhiculait. Jonathan rappelle alors les chemins de la communication où les mots comptent pour 7%, le style vestimentaire/la gestuelle pour 43% et le reste pour la voix. Ce génie de l’informatique a complétement intégré cette dimension dans sa communication. D’ailleurs pour souligner cette idée, une dernière image du créateur d’Apple en smoking passe sur l’écran.
Quand il s’habille de manière codifiée ça ne fonctionne pas ; on s’attache uniquement à la tenue. Pour cet avant-gardiste, ce qui compte c’est le produit qu’il vend ; il s’efface derrière celui-ci. Voilà pourquoi il s’habillait de manière décontractée selon Fabrice.
Une conclusion sur l’image mais pas que…
Après plus d’une heure de débat riche, la table ronde prend fin, et une belle liste d’idées fortes peut être dressée :
- L’image demeure essentielle et sa maîtrise permet d’appuyer le discours ; - Le look des dirigeants influe sur l’image que l’on a de leur entreprise (il convient qu’il y ait adéquation dans la chaîne de communication entre la marque et celui qui l’incarne).
En conséquence, il faut maitriser, intégrer les codes sociaux de l’environnement dans lequel on veut s’insérer pour pouvoir renvoyer l’image adéquate et laisser paraître sa personnalité.
Pour finir, Jonathan Doubet aborde le fait que durant des entretiens d’embauche, où il était recruteur, il lui est arrivé de décrocher de ce que disait quelqu’un à cause d’un petit détail visuel : le fameux détail qui tue. Il précise qu’en tant que recruteur, il est amené à se demander « Est-ce que je me sens a l’aise avec cette personne ? » Cela peut passer par le discours mais aussi par la tenue vestimentaire voilà pourquoi c’est important.
En guise de conclusion, une phrase-constatation : on peut dire qu’aujourd’hui la compétence technique ne suffit plus car les relations interpersonnelles deviennent une qualité à maîtriser.
Merci à Fabrice et Jonathan pour cette table ronde de qualité ! Si vous êtes sur Grenoble et êtes intéressés par des conférences / des tables rondes sur des sujets variés, n'hésitez pas à vous abonner à la page de Cowork In Grenoble.