"J'ai quitté mon job pour voyager, c'est la meilleure décision de ma vie"

SH
Sarah Holmes

Rédactrice voyage freelance

Mis à jour le  20 mai 2019

"J'ai quitté mon job pour voyager, c'est la meilleure décision de ma vie"

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J’ai 24 ans. Après avoir trouvé le job de mes rêves, j’ai travaillé 18 mois en tant que conceptrice-rédactrice avant de finir par démissionner. Je suis partie passer cinq mois à voyager en Europe. Ce fut la meilleure décision que j'ai jamais prise de ma vie. 

De prime abord, mon premier emploi avait l’air génial. J’ai travaillé en tant que conceptrice-rédactrice chez l'une des agences les plus réputées du pays. J’avais un bon salaire, des horaires structurés, des congés payés à Noël, une mutuelle, des restos payés par le travail, des goûters offerts au bureau ! Bref, ça avait vraiment l’air cool. La réalité, elle, était très différente... La première semaine, j’ai passé trois nuits à travailler jusqu’à 22 heures pour réviser un texte médical qui allait être l'un des projets les plus mal organisés de ma vie. J’ai passé tout mon temps à rechercher des projets qui me permettraient d’être créative : je n’en ai pas trouvé. Je me suis assez vite rendue compte que ce travail n'était pas ce que je voulais, mais j’ai malheureusement pris du temps à comprendre que les choses devaient véritablement changer.

Comme beaucoup, et surtout ceux de mon école, je suis passée du collège au lycée, pour me retrouver à l’école avant de trouver mon premier emploi. J’étais jalouse de tous ceux qui avaient pris une année pour voyager. Je voulais subvenir à mes propres besoins, vivre indépendamment, avoir un travail que j’aimais. J’imaginais, naïvement, qu’une fois que j’aurais accompli tout cela, j’aurais réussi : mon emploi serait génial et j’adorerais ma vie au bureau. Je me suis pris une grosse claque. Il a fallu que je m'éloigne de cette vie de bureau et d’agence pour me rendre compte que ce n’était pas fait pour moi

J’ai passé tout mon mois d’avril jusqu’à la fin août à travailler dans tout l’Europe grâce aux contacts de Workaway. Je me suis écartée de la vie de bureau pour aider des familles qui avaient accueilli des réfugiés, pour faire le ménage dans des bungalows de vacances, jardiner, préparer des petits-déjeuners pour des clients, aider à la construction de la piscine d’un château... Tout ça en étant logée et nourrie. J’ai visité plus de neuf pays, mais je n'ai travaillé que dans huit. C’était, sans doute, la meilleure expérience de ma vie et elle a nécessité beaucoup de courage.  

Tous mes camarades ont compris mon désir de prendre du temps pour voyager, vivre de nouvelles expériences et ainsi échapper aux deadlines de plus en plus courtes des clients, mais ça a pris du temps de convaincre mes proches. Pour eux, ce n’était que la preuve de mon manque de désir de m’installer, et de quitter le monde du travail sans date de retour. La meilleure explication que je pouvais leur donner, c’était que ce n’était ni le travail que je recherchais, ni celui pour lequel je m’étais battue.

Le seul choix qui s'offrait à moi était de changer d'agence ou d'entreprise. Quitter l'entreprise qui m’a offert mon premier emploi, qui m’a offert une mutuelle et qui me donnait deux semaines de congés payés tous les Noël, pour mon entourage, c'était un peu absurde mais pour moi ce n'était pas ce qui comptait. Ce qui comptait pour moi, c’était d’apprendre, me développer, contribuer à la société et de m’amuser. Aucun de ces critères n'étaient satisfait avec mon premier boulot.

Je n’étais pas sûre d'être prête à lancer ma carrière, contrairement à mes camarades de promo qui me faisait sentir un peu inférieure. Je n’étais pas passionnée par mon métier.  

Lorsque que je travaillais au bureau, j’ai beaucoup écrit sur les millénials, sur le fait que nous sommes exigeants, ingrats, explosifs, plus innovants et moins prêts à s'installer. Peut-être que maintenant je tente de m’échapper de cette catégorie et de ses connotations négatives. Pour moi, l’attitude de ma génération se résume en une chose : le bonheur. La génération de nos parents cherchait la stabilité et la fiabilité : un salaire mensuel qui leur permettrait d’acheter une maison, une voiture, une télévision et de partir en vacances.

Je connais très peu de gens de mon âge qui recherchent ces normes sociétales, mais qui, justement, n’ont aucune intention de se marier, ne pourront sûrement pas acheter de maison, voyagent trop et recherchent le bonheur avant tout. Notre génération est plus capable de se rebeller face à l'attachement aux biens matériels, d’échanger salaire contre expérience et de se battre pour ses croyances, contrairement à nos parents. 

Au sens traditionnel, voyager c'est l'opportunité de se déconnecter. Pour moi, c'est plutôt l'opportunité de me connecter. Les voyages peuvent permettre de se rendre compte de ce que tu veux réellement faire, de tes intérêts, et ce que tu aimes apprendre. Pour moi, la meilleure partie de mon voyage, en plus de l’échange culturel, était l’occasion de rencontrer des gens dans la même situation que moi, et d’être inspirée par leurs parcours.

J’ai fini par rencontrer d’autres voyageurs, et la majorité d’entre eux me disait que leur motivation principale pour partir en voyage était d’essayer de comprendre ce qu’ils voulaient faire. J’ai pu découvrir mes vrais centres d'intérêt et ce que je pouvais faire de mes compétences, et j’y suis arrivé car j'ai pu me retirer de la situation dans laquelle je me trouvais auparavant.

Dans un marché du travail qui n’est pas toujours très prometteur pour les jeunes, on est souvent contraint d'accepter le premier travail qui s'offre à nous. Ce n'est pas nécessairement la meilleure des options. Les personnes les plus heureuses que je rencontre dans le monde du travail sont celles qui ont pris le temps de voyager et de varier les emplois avant de trouver la carrière qu’ils voulaient. Pour moi, mes 8 jobs différents cet été-là m’ont offert cette opportunité en un temps record. C’était le meilleur moyen de gagner en expérience.

Maintenant, j’ai acquis des connaissances solides des différents secteurs et l’expérience d’avoir travaillé à l’étranger. J’ai eu la chance de découvrir la vie au Pays-Bas, en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Allemagne. J’ai également pu interroger des gens de ces pays sur la vie des jeunes, l’entrepreneuriat et l'état du marché du travail actuel.

Grâce à cette expérience, je comprends mieux où je me positionne dans ce monde et quel secteur me correspond. Je me suis rendue compte de l’importance de prendre du temps pour évaluer ses options avant de plonger directement dans le monde du travail. Pour moi, cette expérience n’aurait pas été faisable financièrement sans mon premier travail. Mais si tu en as l'opportunité avant, je te conseille vivement de la saisir. Bien sûr que tu peux prendre du temps pour faire autre chose que voyager, mais pour moi c’était la meilleure option.

Lorsqu'on est jeune, on n’est pas obligé de s'enfermer dans son premier emploi, ni dans le deuxième. Il est important de prendre du temps pour trouver le travail qui nous correspond. Nous sommes, en tant que millénials, des atouts précieux, et nos emplois devraient nous faire sentir comme tel.

Je me souviens avoir lu cette citation lorsque je me préparais pour aller voyager, et elle a renforcé mes motivations. C’est une citation de Richard Branson :

"C’est important de s’amuser quand on a 22 ans. On n’a 22 ans qu’une fois ! Profite de ta vie, reste éveillé pour voir autant de levés de soleil que possible et fais des rencontres avec des personnes de tous les genres, dans le maximum des pays possibles. Si tu as l’opportunité de voyager, saisie-la et n’oublie pas ta brosse à dents ! Sors, danse, et joue tout en travaillant dur et en créant des choses."

C’est tellement vrai. Ton premier emploi pourrait être incroyable. Il pourrait être le début d’un parcours professionnel captivant. Cependant, ton premier emploi ne devrait pas te faire sentir inférieur, comme par exemple si tu sens que tu ne fais pas de progrès, ou que tu ne vas nulle part. Si c’est le cas, ce qui est sûr c’est que dans dix ans tu ne vas pas être en train de créer et changer le monde pour le mieux. Aussi difficile que ce soit de démissionner, parfois prendre du temps et du recul pour réfléchir peut t’amener là où tu devrais être ou illuminer des options dont tu ignorais l'existence !

Article exclusif pour Wizbii traduit de l'anglais par Cherie Gamble

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