"Un jour, nous aurons des bureaux" : Journal intime d'une jeune entrepreneure

Mis à jour le  26 mars 2019

"Un jour, nous aurons des bureaux" : Journal intime d'une jeune entrepreneure

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Aurélie Daniel, co-fondatrice de Beyond Croissant nous livre son expérience de jeune entrepreneure. Découvrez ici le premier article d'une belle série. « Un jour, nous aurons des bureaux ». Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis fait cette réflexion depuis bientôt un an.

Qu’on s’entende bien, je n’ai jamais eu aucune difficulté à travailler de chez moi, depuis que je suis scolarisée jusqu’à la faculté de droit ou SciencesPo, j’ai même toujours préféré aller à mon propre rythme qu’à celui, qui ne convient souvent à personne, de la scolarité ou de l’entreprise - trop tôt, trop tard, trop rapide, trop lent.

Toutefois, vivre à son propre rythme est tant le luxe que le fardeau de l’entrepreneur. Certaines semaines, on ne parvient pas à s’endormir le soir mais on ne parvient pas davantage à se lever le matin ; d’autres, on se couchera comme une poule, d’épuisement, on se lèvera aux aurores, la tête pleine de choses à faire, avant de se résigner à une indispensable sieste en plein milieu d’après-midi. On s’aperçoit en réalité très vite qu’on est à la fois son meilleur allié et son meilleur bourreau.

On en apprend tellement sur soi, en travaillant de chez soi. Je pensais être plus efficace l’après-midi, je m’aperçois que ce n’est vrai que si j’ai commencé à travailler dès le matin. Je pensais que je parviendrais à m’astreindre à ne travailler que la semaine et à me libérer le week-end, et je ne compte plus les vendredi soir, samedi après-midi, dimanche après-midi, passés à « m’occuper juste de ça, après j’arrête ». Mais le plus difficile, en réalité, ce n’est pas tellement le rythme que l’on parvient à s’imposer. Le plus difficile, c’est l’isolement.

Lorsqu’on se rend compte qu’on n’est pas sorti de chez soi depuis trois jours et qu’on préfère quand même inviter ses amis à passer chez soi, on réalise qu’on a un peu perdu pied. En cas de mauvaise nouvelle ou de grosse difficulté, on n’a personne pour constater qu’on a besoin d’aide. En cas de bonne nouvelle, on n’a personne pour sauter de joie. On se retrouve à actualiser son statut Facebook, ou parfois, à envoyer un sms à un ami ou son associé si on a la chance d’en avoir un. Personne ne comprend vraiment ce que vous vivez, à l’exception de ceux qui le vivent aussi. Vos proches constatent seulement qu’ils ne vous voient plus, et ils ne vous le diront pas, mais ils sont fatigués de vous entendre parler encore et encore de votre entreprise, qui vous occupe l’esprit jour et nuit. Au bout de quelques mois, vous devez véritablement ré-apprendre à parler d’autre chose. Ou à vous taire. Alors que vous ne rêvez que de partager la très belle aventure que vous vivez.

Après presqu’un an, si j’avais quelques conseils à donner à une personne qui lance son activité depuis son domicile, ce serait de simples conseils de bon sens : n’oubliez pas de bien manger, de faire du sport, de conserver des activités que vous aimez en-dehors de votre entreprise, de prendre le temps de voir vos proches.

N’oubliez pas que votre entreprise n’est pas vous.

Et un jour, nous aurons des bureaux. Photo from Parisian Local by Josephine Docena

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