Parcoursup : désillusion ou satisfaction ?


Parcoursup : désillusion ou satisfaction ?

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Parcoursup remplace APB pour faire face à la réforme de l'accès à l'enseignement supérieur. Les premiers résultats d'orientation sont tombés mardi 22 mai sur Parcoursup... Et le nouvel algorithme ne fait pas que des heureux. Très peu, en fait.

À l’origine de Parcoursup : que promet la réforme ?

D'après la Fage, syndicat favorable à cette réforme, elle ne viserait pas à sélectionner mais à mieux orienter les étudiants.

Pour résumer, la réforme ORE se fonde sur trois principes : la confiance, l'ouverture et la réussite. La confiance qu'il faut obtenir de nouveau, après le scandale APB. L'ouverture, sociale, territoriale, mais qui doit aussi permettre de mener à bien les projets des étudiants. La réussite, enfin, vise à "mieux prendre en compte les besoins et attentes singulières de nos bacheliers". Des "attendus" seront donc présentés, filière par filière sur Parcoursup : ce sont les “connaissances et les compétences tacitement requises par les formations d’enseignement supérieur (qui) seront donc désormais explicités”, d’après le site du Ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation. D'après Frédérique Vidal, ces “attendus” ne sont donc pas là pour décourager les étudiants, mais pour leur permettre “de formuler des choix éclairés”.

Parcoursup et la réforme, ce que ça donne

L'idée est donc de donner aux lycéens toutes les cartes, puisque les attendus comportent notamment les catégories "taux de réussite", "poursuite d'études" et "insertion professionnelle".

Mme Vidal, dans sa présentation du projet de loi ORE du 7 février 2018, explique ne pas penser que cela pourrait mener au découragement de certains élèves par rapport à des exigences trop élevées, au contraire : "notre rôle est de donner toutes les informations nécessaires et de les accompagner dans leur choix".

La réforme est donc fondée sur le fait que l'obtention du bac n'est désormais plus la seule condition pour accéder à l'enseignement supérieur. Personne n'est donc sûr d'obtenir une place dans le supérieur, notamment dans la formation de son choix. Pour ceux qui ont été refusés partout, le gouvernement a créé la Commission d’accès aux études supérieures. Son rôle est de proposer aux étudiants qui n’auront obtenu que des NON des formations proches de leurs voeux initiaux. La Commission cependant, ignore tout des voeux préférés des élèves : ils seront affectés là où restera de la place. De plus, les universités devront choisir par l'examen des dossiers les futurs étudiants qui postulent pour les filières dites "en tension" (c'est-à-dire qui reçoivent beaucoup plus de demandes qu’elles n’ont de places).

Si l'on résume, dorénavant, pour accéder à l'enseignement supérieur, ce sera un peu la guerre : une sorte de concours implicite entre les différents élèves, gérés par les professeurs qui doivent donner leur avis par rapport aux "attendus" et aux "prérequis" de l'élève, autres que le bac.

Parcoursup : des avis mitigés

D'après le sondage Diplomeo effectué sur un total de 4006 étudiants, 61% des élèves ont reçu au moins un OUI. 28% sont en attente d'une réponse, ce qui équivaut à un NON si jamais personne ne se désiste. 4% sont sans affectation, c'est à dire qu'ils ont reçu un refus pour chacun de leur voeux. 52% pensent que la plateforme est discriminatoire. Que dire des listes d'attentes ? Certains élèves ont une place supérieure au nombre total de personnes dans la file d'attente... Professionnels comme futurs étudiants restent partagés par rapport à l'efficacité de la plateforme. Beaucoup craignent notamment l'accroissement du nombre de jeunes sans formations, un nombre qui était déjà conséquent l'année dernière avec APB (87 000 ndlr).

Pour des personnes qui prônent la réussite, ce système pose quelques questions. Est-ce vraiment un progrès par rapport à l’algorithme qu’utilisait APB ? Et surtout, en quoi cela endiguera-t-il l'échec ? Un étudiant qui obtient une formation vaguement proche de ce qu'il avait demandé initialement sera difficilement content de l'endroit où on l'envoie.

Revoyons maintenant le pourcentage d’échec. En première année d’études supérieures, le gouvernement indique qu’il est de 60%. Cependant, il a été démontré par les études de sociologie, notamment Romuald Bodin et Sophie Orange que « 60% d’échec en première année à l’université recouvrent en réalité des situations tout à fait incomparables : soit environ 25% de redoublements dans la même filière, 10% de réorientations vers une autre filière universitaire et 25% de non-réinscriptions à l’université. Or, ces derniers 25% recouvrent dans leur grande majorité des réorientations réussies vers des filières hors université. Et nombre de ces dernières n’auraient sans doute été possibles sans le passage par la première année de licence ». Par ailleurs, « en classe préparatoire aux grandes écoles littéraires, le taux d’abandon à l’issue de la première année dépasse les 40% ».

Pour le gouvernement, cela s'appelle l'échec. Faut-il être aussi catégorique ? Ce que le gouvernement appelle "échec" n'est-il pas plutôt le fait de chercher sa voie ?

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