En conclusion de mon cycle d’introduction à l’entrepreneuriat étudiant, voici le quatrième et dernier article, à propos de l’expérience en Junior-Entreprise, faisant suite aux stages en start-up, à l’investissement associatif en général et à la manière de valoriser cette expérience. Les Junior-Entreprises Inutile de présenter les Junior-Entreprises… Quoique. J’irai vite tout de même sur la présentation générale : les Junior-Entreprises sont des associations étudiantes, en Grandes Écoles et Universités, proposant aux entreprises de faire réaliser des missions par des élèves de l’établissement à des tarifs attractif, à condition qu’elles répondent à des exigences pédagogiques et présentent une vraie valeur ajoutée. Pas de petits boulots, donc, mais de véritables missions de conseil dans les domaines de compétence de l’établissement. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site de la très dynamique Confédération Nationale des Junior-Entreprises (CNJE). Il existe ainsi deux groupes d’étudiants différents essentiels à la bonne marche de ces associations : les administrateurs, c’est-à-dire les bénévoles chargés de faire tourner l’association, et les réalisateurs, c’est-à-dire les étudiants de l’établissement qui effectuent les missions pour les clients contre rémunération. Si j’incite tous les étudiants à répondre aux appels à candidature lancés par leur Junior-Entreprise, pour ainsi appliquer les compétences acquises en cours tout en se faisant un peu d’argent de poche, je vais surtout développer ici le rôle des administrateurs, beaucoup plus enrichissant humainement.
Les relations avec les entreprises
Un des nombreux avantages d’une start-up pour moi, c’est que toute l’équipe est en contact plus ou moins direct avec les clients, et qu’on ne perd donc jamais cet aspect de vue. Ceci est d’autant plus vrai pour une Junior-Entreprise. Et le grand avantage des J.E., c’est que ces clients sont des entreprises, c’est-à-dire les potentiels futurs employeurs des administrateurs. Pour peu que l’équipe s’organise correctement, chaque membre de l’équipe peut ainsi démarcher, conduire des rendez-vous clients et superviser des missions pour le compte d’entreprises qui l’intéressent particulièrement. Il va de soi que prendre de l’avance dans la découverte et les relations avec ces entreprises est un plus non négligeable au moment de la recherche de stage ou d’emploi – ou tout simplement pour se rendre compte qu’une voie est faite ou pas pour soi.
L’organisation du travail
Cela ne surprendra personne si je dis que les études ne sont pas forcément le meilleur endroit pour apprendre à s’organiser dans son travail, étant donné que beaucoup d’étudiants apprennent surtout à réviser un examen ou terminer un projet le jour précédant l’échéance. Autant dire que c’est le genre d’erreur que l’on fait éventuellement la première fois en Junior-Entreprise, mais pas la deuxième. Le fait de devoir rendre des comptes à des professionnels qui ont des exigences élevées parce qu’ils paient pour vos services est un bon stimulant, carotte ou bâton selon les situations.
On développe ainsi un véritable sens des responsabilités, même si l’on est encore relativement loin du fonctionnement « PNL[1] » en entreprise. Le travail en J.E. est également souvent l’occasion d’une course au chiffre d’affaires – on peut objecter que c’est une vision très matérialiste des choses, ce qui n’est pas faux, mais il est en pratique principalement reversé en tant qu’argent de poche pour les réalisateurs d’études. Pour l’équipe d’administrateurs, en revanche, ce chiffre d’affaires est tout autant un objectif (faire mieux que l’équipe précédente ou la J.E. d’à côté) qu’une donnée exploitable par la suite : dire que l’équipe a réalisé un chiffre d’affaires de 85 000 € représentant une augmentation de 40 % par rapport à l’année précédente donne tout de suite une dimension plus concrète et mesurable à cet engagement associatif. A côté de cet indicateur, le classement des 30 meilleurs J.E., le prix d’excellence et les labels décernés par la CNJE peuvent représenter d’autres objectifs honorifiques, et tout autant de distinctions à faire valoir dans un CV.
[1] « Profit and Loss », c’est-à-dire le fait pour un employé d’être responsable de son propre compte de résultat (à soi ou à son équipe), et donc de sa propre rentabilité
Et bien plus
Au-delà de cet aspect, l’expérience en J.E. apporte d’autres notions pour le moins utiles dans toute future vie professionnelle. Tout d’abord, un sens de la hiérarchie et des procédures – qu’on a du mal à appréhender à ses débuts, j’y reviendrai très prochainement – qu’il est important d’acquérir pour savoir tout autant les respecter que ne pas s’y laisser enfermer. Mais surtout, les équipes apprendront à se répartir efficacement les tâches de manière à ne pas laisser une poignée de personnes tout faire, ou à l’inverse diluer totalement les tâches et au final ne rien faire efficacement. Pour être tout à fait honnête, la grande majorité des équipes échouera au moins partiellement en la matière, et c’est une très bonne chose : si on oublie systématiquement de chercher à comprendre le pourquoi de nos succès, on se prête bien plus souvent à l’exercice pour analyser nos échecs, et c’est comme cela que l’on apprend. Les Junior-Entreprises ont également une dimension entrepreneuriale indiscutable : leur fonctionnement est finalement assez proche de celui d’une TPE (Très Petite Entreprise), où chacun touche un peu à tout.
C’est ainsi l’occasion de goûter aux ressources humaines, à la gestion d’équipes et de projets, au cadre légal… et à l’aspect administratif, pénible mais indispensable à maîtriser. Mais le succès du modèle entraîne également une compétition accrue entre les J.E., ce qui pousse les Junior-Entrepreneurs à innover, proposer de nouvelles offres ou les présenter autrement, revoir complètement leur organisation… Autant dire qu’il s’agit d’un défi tout aussi passionnant qu’il est ardu !
Conclusion
Je ne peux que t’encourager à rejoindre une Junior-Entreprise, ou du moins à te renseigner auprès de l’équipe de ton établissement. S’il n’en existe pas, demande à la CNJE, qui se fera une joie de t’aider à la créer ! Bref, pour reprendre la traditionnelle conclusion de mes articles : ose. Et je conclurai par une simple mise en garde : la Junior-Entreprise pourrait assez rapidement te donner le virus de l’entrepreneuriat… (c’est ce que ça a fait pour moi). Photo : ©SkemaConseil