Inégalités hommes/femmes dans l’enseignement supérieur : on fait le point !

Inégalités hommes/femmes dans l’enseignement supérieur : on fait le point !

b3d65a44-fd11-40a4-ba00-07944b71928e.png

Publié le 09 avril 2020 , par Maryam Orion

Sommaire :

Bien que les chiffres s’améliorent petit à petit, des inégalités hommes / femmes persistent dans l’enseignement supérieur, dans certains domaines d’études, dans les salaires, dans les postes occupés… 

Nous faisons le point sur les chiffres de la part des femmes et hommes dans les différents domaines d’étude, mais également un point sur l’oppression subie dans certains établissements, puis sur les actions favorisant l’égalité des sexes ! 

Les chiffres sur les inégalités hommes/femmes dans l’enseignement supérieur

58.4% des étudiants à l’Université sont des filles* 

Les femmes étudient plus que les hommes (58,4%) et sont généralement plus méritantes et persévérantes que les hommes, en effet 47% des femmes ont terminé leurs études supérieures avec succès contre 33% des hommes d’après une étude du Ministère de l’enseignement supérieur datant de 2020. 

*d’après une étude de l’Observatoire des inégalités en 2017

Un salaire 8% moins élevé pour les docteures

Pourtant malgré les chiffres énoncés précédemment, la période post universitaire prouve que les inégalités subsistent malheureusement encore entre les hommes et les femmes. Parmi les personnes diplômées d’un Doctorat en 2014, 3 ans plus tard, les femmes perçoivent un salaire 8% moins élevé que leurs confrères docteurs qui perçoivent 2470€ contre 2280€ pour les docteures, une différence de 190 €… 

Des parcours différents selon le sexe 

Les inégalités Hommes / Femmes subsistent aussi dans le choix du parcours des études supérieures, à savoir que dans certaines filières comme les formations médicales et sociales la part d’étudiantes était de 85% pour l’année scolaire 2018/2019 d’après l’observatoire des inégalités. 

À l’inverse dans les formations d’ingénierie, elles ne représentent que 27.7% des étudiant(e)s, ou encore seulement 18% dans les classes préparatoires pour intégrer polytechnique, qui sont des formations menant à des postes où les responsabilités et les salaires sont les plus élevés dont elles seront éloignées. 

Ces disparités persistent dans certains établissements comme l’École militaire Saint-Cyr qui forme les futurs officiers de l’armée de Terre une partie des officiers de la gendarmerie française, délivrant également le diplôme d’ingénieur pour les élèves de la formation scientifique. 

Le témoignage de Jade, ancienne élève en classe préparatoire Littéraire et militaire du lycée militaire de Saint-Cyr nous montre que les discriminations et le sexisme ambiant à l’égard des femmes peuvent les dissuader ou même les empêcher de poursuivre leurs études dans le domaine de l’armée, ou celui de l’ingénierie dans ces établissements à tendance misogyne. 

Dès l’intégration au sein de la prépa les étudiants étaient avertis : « on nous a dit qu’on n’avait pas à accepter un comportement ici que l’on n’aurait jamais accepté en dehors de la prépa, donc on doit signaler les comportements sexistes ou inappropriés quand on les subit ou en est témoin, ça c’était plutôt positif », puis « ils nous ont expliqué les problèmes des années antérieures : c’est-à-dire l’indifférence courtoise des garçons, ou plutôt des « tradis » = pas de paroles, aides, regards, etc envers les filles ». 

Mais parallèlement des membres de l’encadrement militaire disaient aussi : « Pour se faire respecter des garçons il faut être forte en sport ». Jade indique avoir été très choquée : "Nous ne sommes pas là pour impressionner les garçons ou chercher leur respect, le respect est un dû, il n’a pas à se gagner auprès d’un homme et encore moins sur la base d’une quelconque performance physique. Ces deux choses me paraissaient contradictoires et m’ont donné le goût de la suite : une institution qui se veut en lutte contre le sexisme et qui pourtant l’exploite ou le laisser s’exploiter. »

Ainsi, « les garçons étaient distants, moqueurs, méprisants. Un jour au petit matin on a trouvé dans le couloir une affiche disant « mort aux filles » et des signes misogynes sont souvent dessinés sur les murs, tables etc », s’accumule à ces comportements des expressions propres à l’établissement, des « mots scandés comme « cuisse », « grosse » par un garçon quand une fille passe, parle en classe, ou en cours de sport ». 

Tout comme Jade, d’autres personnes ont témoigné dans l’article de Libération «Lycée Saint-Cyr: une machine à broyer les femmes »

Finalement Jade a arrêté sa scolarité à Saint Cyr : "Je ne voulais plus intégrer Saint Cyr pour être officier de l’armée de terre ainsi que pour des raisons de sexisme, l’oppression était trop forte pour que j’y puisse m’épanouir et me développer intellectuellement, psychologiquement et physiquement de manière sereine et normale. Saint Cyr a beaucoup affecté certaines jeunes filles, en leur provoquant des crises d’angoisse, phases déprimes… »

Heureusement elle est partie faire des études de droit dans lesquelles elle s’épanouit beaucoup plus. Cette année en Suède pour son échange Erasmus+, elle a même choisi une option « droit de l’égalité » au premier semestre « avec beaucoup de questions de droit relatives à l’égalité hommes / femmes, ou par rapport aux minorités raciales, religieuses, aux personnes handicapés, aux migrants ».

Lutter contre les inégalités hommes/femmes 

Heureusement, des établissements comme par exemple Toulouse Business School proposent des programmes en faveur de l’égalité hommes/ femmes.

Depuis la rentrée de 2016, l’école propose « EQUAL.ID », un programme militant contre les inégalités hommes/femmes et lutte contre les stéréotypes de genre.

L’initiative comprend plusieurs volets : 

  • Un programme de mentoring pour accompagner les étudiantes dans leurs ambitions professionnelles et salariales (affirmation de soi, lutte contre l’auto censure…)
  • Des activités pédagogiques et des ateliers thématiques s’adressant autant aux étudiantes qu’aux étudiants et leur permettant, au-delà de la nécessaire prise de conscience, de s’engager, de proposer collectivement des solutions et d’agir concrètement.
  • Des travaux de recherche et des études pour qualifier et documenter les mécanismes à l’œuvre dans les disparités de carrière entre les femmes et les hommes.

Cela passe par des projets concrets : 

  • 1 Atelier « Think&Create » en 1e année du programme Grande Ecole est consacré à cette thématique : une trentaine d’étudiantes et d’étudiants écrivent des articles et créent des supports vidéo, BD, affiches, interviews etc. illustrant les thèmes sur lesquels ils/elles ont choisi de travailler : femmes en politique, femmes dirigeantes dans le cinéma, femmes et presse féminine, rôle des hommes et masculinité etc.
  • 100 étudiants de 1re année du PGE proposent chaque année, dans le cadre du séminaire SEMIS, la mise en place des solutions concrètes grâce à des vidéos, des BD, des affiches et des actions sur les réseaux sociaux contre le sexisme ordinaire et les stéréotypes de genre dans la vie étudiante.
  • 1 atelier de lutte contre le harcèlement sexuel et les comportements sexistes a été développé au sein du programme Bachelor.
  • 1 pièce de théâtre « Travailler autant pour gagner moins », spectacle qui aborde avec humour et impertinence les inégalités hommes/ femmes dans le monde du travail sera proposée le 17 mars 2020 à toute la communauté TBS.

Ainsi, même si les mœurs et les mentalités évoluent, le problème persiste encore, donc il faut continuer à lutter contre les inégalités hommes/femmes ! 

La proportion de femmes boursières est plus élevée que la proportion d’hommes boursiers, quatre femmes sur dix sont bénéficiaires d'une bourse sur critères sociaux, contre un homme sur trois. Pour connaître vos aides, rendez-vous sur notre simulateur d’aides Fibii.co.