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De nos jours, l’entrepreneuriat connaît un réel succès et fascine de plus en plus de personnes.Nous pouvons observer des étudiants qui ne se reconnaissent pas dans le système actuel, des employés lassés de travailler dans un grand groupe, des personnes en situation de chômage, et bien d’autres types de personnalité.
Cette activité a déjà séduit beaucoup de français, mais comporte sa part de mythes. Pour ne citer que les principaux, nous entendons souvent qu’il faut une grande idée pour commencer, que les entrepreneurs aiment le risque, qu’ils sont des experts en prévision, voire même des super-héros qui en plus réussissent seuls... Ces légendes ont dissuadé plus d’un à se lancer dans cette belle aventure qu’est la création d’une entreprise.
Génération entrepreneur : l’effectuation, clé de la réussite ?
Pour mettre un terme à toutes ces « rumeurs », nous allons aborder dans cet article l’approche dite "effectuale" de l’entrepreneur. Avant tout, léger retour en arrière avec l’histoire de l’effectuation.
Une chercheuse indienne (Saras Sarasvathy), elle-même ancienne entrepreneure, a décidé de travailler sur la manière de réfléchir des créateurs d’entreprise dans les années 2000. Elle a donc étudié de nombreux entrepreneurs ayant connu une certaine réussite, et a pu extraire cinq principes communs qu’ils utilisaient chacun dans leurs réflexions. Ces 5 principes ont donc donné naissance à l’effectuation.
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras
Pour faire simple, ce premier principe nous conseille de faire avec ce que l’on a maintenant, à l’instant T, plutôt que d’imaginer ce que l’on pourrait faire si l’on avait autre chose.
L’exemple simple serait celui d’un couple qui doit recevoir des amis pour dîner. En sortant de leur lieu de travail à 19h, deux choix s’offrent à eux : réfléchir à un menu et faire des courses pour le réaliser, ou rentrer directement, et concocter un plat avec ce qu’ils trouveront dans leur frigo. Nous comprenons ici que la démarche effectuale est le fait d’improviser avec les aliments du frigo, d’utiliser les ressources disponibles au moment donné.
Ce premier principe nous permet d’affirmer que les ressources d’aujourd’hui déterminent les objectifs de demain : les aliments présents dans le frigo déterminent le plat mangé au diner.
Vous pensez que votre frigo est complètement vide ? Sachez que l’effectuation définit des ressources dites « universelles » (nous avons finalement tous des ressources à portée de main) :
- Qui je suis ?
- Ce que je connais ?
- Qui je connais ?
- Que faire ?
Ne perdez pas de temps à réfléchir à l’idée parfaite, sachez qu’elle n’existe pas. Une idée devient une bonne idée seulement grâce aux parties prenantes du projet.
La perte acceptable
« Être prêt à perdre quelque chose de défini pour gagner quelque chose d’infini »
Tout entrepreneur doit avoir défini très précisément ce qu’il est prêt à perdre dans un projet. De plus, il est plus facile d’estimer et de contrôler les coûts que les futures recettes de l’entreprise.
Chaque étape doit être budgétisée avec un objectif fixé. À la fin de chaque étape, un point doit être fait (Objectif rempli ? Budget respecté ?) avec une nouvelle définition de la perte acceptable pour les étapes suivantes.
Prenons l’exemple d’un ex-salarié au chômage. Il décide de lancer son projet. Pour cela, il aura 1 an devant lui, et 12 000€ de liquidité. Il fixe sa perte acceptable à 8 mois, et 8 000€. Si son projet n’a pas fonctionné dans le temps ou dans la limite budgétaire imparti, il arrêtera le développement de son idée et essayera de retrouver un emploi.
Le patchwork fou
La réussite entrepreneuriale est également corrélée aux rencontres effectuées par le créateur d’entreprise.
En effet, la progression d’une start-up se fait par l’engagement croissant de parties prenantes autour du projet. Ces dernières apportent des nouvelles ressources qui permettent à l’entreprise d’avoir des objectifs plus nombreux, plus ambitieux. Il ne faut donc pas oublier que l’entrepreneuriat est un processus social !
L’image de l’entrepreneur qui ne veut parler de son projet à personne, sous prétexte que son idée est très innovante, secrète est réelle, mais sachez que ces personnes échouent dans la plupart des cas. C’est en discutant avec un public le plus varié possible que nous réussissons à obtenir la vision la plus objective de notre projet, et donc que nous maximalisons nos chances de réussite.
La limonade
« Si la vie vous envoie des citrons, faites de la limonade ».
Ce 4ème principe est également appelé le principe d’opportunisme. Au lieu de toujours essayer de prédire et anticiper les surprises que réserve l’avenir, il vaut mieux se préparer à en tirer parti.
On dit que les entrepreneurs experts acceptent également les mauvaises surprises : ils cherchent des opportunités dans tous types d’évènement. Au début de votre aventure entrepreneuriale, vous partirez surement sur une idée, mais sachez qu’elle évoluera fortement suite à des observations ou des suggestions de parties prenantes.
N’ayez pas peur de prendre un virage à 180° après un an d’aventure, si vous sentez une opportunité arriver, saisissez-la !
Le pilote dans l’avion
Ce dernier principe met en avant le fait que l’entrepreneur est quelqu’un d’actif, qu’il doit donner une direction à l’entreprise tout en transformant son environnement.
L’avenir n’est pas écrit, enraciné, il résulte seulement du jeu des acteurs. Tout entrepreneur peut donc casser les prévisions, et faire évoluer un marché. Vous pensez peut-être que certains marchés sont déjà mûrs ? C’est faux ! Aucun marché n’est arrivé à maturation, les acteurs du secteur ont seulement arrêté d’innover. Vous êtes donc l’unique acteur du changement.
Méfiez-vous également des études de marché. Aucune tendance n’est inévitable.
Prenons l’exemple de Zara, qui a été créée en pleine période de déclin du secteur du textile. En effet, à cette période toutes les usines fermaient et les spécialistes prédisaient une domination de la Chine dans ce secteur. Or, même si la domination de la Chine est vraie aujourd’hui, Zara est devenue un géant européen de l’habillement, ce qui nous montre que tout est possible même si les tendances sont défavorables.
L’effectuation nous démontre finalement que l’entrepreneuriat n’est pas réservé aux seuls génies ou personnes aisées comme beaucoup le laissent penser. De plus, les médias nous parlent uniquement des histoires de start-up « sexy », avec des idées très innovantes. Sachez qu’aujourd’hui, la grande majorité des entreprises créées sur le territoire sont des entreprises proposant un service ou produit déjà existant. Finalement, créer son entreprise nécessite seulement beaucoup de rigueur, de patience et d’efforts plus que d’imagination ou de créativité.
Ces cinq principes permettront donc même aux plus pessimistes d’admettre que l’entrepreneuriat est finalement ouvert à tous, et que l’unique frein au lancement de votre activité est votre volonté.