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Au moment où bon nombre de jeunes diplômés galèrent pour trouver un emploi, Gabriel, 24 ans, lui, a décidé de se laisser un an pour vivre de sa passion à la sortie de Toulouse Business School : la comédie. Et ça démarre fort !
Hello Gab, peux-tu te présenter ? Bonjour Wizbii ! Je m’appelle Gabriel, j’ai 24 ans, et j’ai terminé mes études en juillet 2013. Après une licence en économie, j’ai intégré le parcours Grande Ecole de Toulouse Business School. Au cours de mes études je me suis spécialisé en « corporate strategy ». J’ai eu la chance d’avoir effectué mon stage de fin d’études dans la très confinée section de stratégie d’Airbus, à Toulouse. On était une petite équipe de moins de 10 personnes, et notre objectif était de rendre un « planning stratégique », une ligne de conduite globale à suivre pour les 20 prochaines années, destinée à la direction d’Airbus. L’enjeu était prenant, et je suis très heureux d’être passé par là. En parallèle de mes études, j’ai toujours essayé de garder un contact avec le théâtre. J’étais au conservatoire de théâtre classique jusqu’au Bac, puis je me suis lancé dans le théâtre d’improvisation durant mes études supérieures. J’ai tout de suite adhéré à cette discipline, qui malgré ce qu’on peut en penser demande énormément d’entrainement. L’impro requiert une écoute permanente de l’autre, un lâché prise total, une gymnastique de l’esprit qui se travaille et se perfectionne, et bien sûr une imagination sans limites. Je joue régulièrement avec des improvisateurs qui ont 10-15 ans d’expérience, et ils font encore évoluer leur jeu ! J’ai également fait partie d’associations audiovisuelles comme Hotsoft, qui m’ont notamment permis d’apprendre la réalisation et le montage vidéo. J’ai aussi eu l’occasion d’écrire et de jouer dans des sketchs filmés et diffusés au sein de l’école, j’en garde un très bon souvenir ! Pourquoi as-tu décidé de ne pas choisir la voie traditionnelle de la recherche du CDI ?
Quand j’étais petit, je voulais être acteur pour le cinéma français. Quand je l’ai annoncé à mes parents, mon père m’a sagement répondu :
« Tu as autant de chances de devenir footballeur que de percer dans le cinéma, fais des études, on verra après. »
Et je ne suis pas si fort que ça en football (rires) j’ai donc fait des études, et maintenant je suis dans la période « on verra après » ! Je pense que la période « on verra après », elle est dans beaucoup de têtes d’adolescents et d’étudiants qui ont des rêves cachés, mais la pression sociale est telle qu’il faut que chacun trouve un boulot, vite, tout de suite, sinon on perd du temps, de l’argent, et puis il faut pouvoir dire qu’on a des responsabilités aux repas de famille sinon c’est la honte, et puis quand tu fais une activité un peu hors normes tout le monde te dit « Ah, tu glandes en fait ? ». J’ai essayé d’écarter toute cette pression en me disant que si je n’essaye pas des choses maintenant, je ne le ferai jamais. Oui pour l’instant je vivote, je ne mets pas de sous de côté et je n’utilise pas mon diplôme à sa juste valeur, mais ça ne me dérange pas, j’ai quarante ans devant moi pour l’utiliser ! :)
J’ai donc décidé de faire ce que j’aime pendant un an et de voir ce que ça donne.
J’ai intégré l'une des ligues d’impro phares de Toulouse : La Brique. J’ai énormément appris à leurs côtés cette année, grâce aux ateliers chaque semaine et aux nombreux spectacles auxquels j’ai participé. En parallèle, j’ai commencé à écrire un one man show. Pour l’instant je le joue par morceaux de 10 à 15 minutes, à l’occasion de tremplins, de scènes ouvertes, et bientôt pour la télévision. J’ai également signé un contrat avec une agence de production audiovisuelle à Toulouse, avec laquelle j’ai notamment tourné une publicité. Pour le moment je ne peux pas dire que je gagne ma vie grâce à ma passion mais je touche mes premiers cachets d’artiste, c’est déjà une belle victoire ! Est-ce que l’école de commerce t’a aidé dans ta passion ?
Oui.
C’est grâce aux associations qui sont très présentes dans la vie d’une ESC que j’ai pu m’épanouir, artistiquement parlant. J’ai suivi les cours de théâtre d’improvisation du Bureau des Arts, j’ai fait partie de l’association audiovisuelle de l’école qui m’a encouragé dans mes projets, j’ai co-écrit et joué le premier rôle d’une comédie musicale, et j’ai participé au Trophée des Arts (concours artistique qui réunit une dizaine d’écoles de commerce tous les ans). Sans les associations, je ne pense pas que j’aurais eu l’occasion de m’exprimer autant et je ne me serais jamais décidé à aller plus loin. Une entreprise a fait appel à toi pour une vidéo de lancement ultra drôle, tu nous racontes les coulisses ?
Ça s’est déroulé sur une journée, le matin je devais essayer de convaincre des commerçants de me faire des réductions de groupe, et l’après-midi, un peu plus speed, j’ai dû réunir 15 personnes pour acheter la fameuse glace à 1€ ! C’est très difficile d’arrêter des passants, la plupart ne répondent même pas ou disent juste « non ». Alors quand on avait l’attention de quelqu’un, on avait la pression (les caméramans cachés et moi) et il ne fallait pas se louper, trouver une bonne accroche, et les convaincre. On ne le voit pas sur la vidéo mais ceux qui ont accepté le deal étaient ravis ! J’ai une petite anecdote plutôt cocasse : quand j’essayais de négocier avec le glacier, un passant s’est arrêté, éberlué, et m’a dit :
« C’est dingue ce que t’essayes, t’as fait une école de commerce ? »
Bingo !
La caméra cachée de Gab :
Est-ce que ton entourage te soutient dans cette démarche ou au contraire a-t-il des craintes pour ton avenir ? J’ai de la chance car mes parents me font confiance. Ils comprennent que je veuille tenter ma chance, et ils me soutiennent dans tous mes projets. Ce n’est pas un secret : le soutien de l’entourage est un des facteurs essentiels de réussite, dans tous les domaines. En revanche, expliquer aux grands parents qu’on fait « juste » du théâtre et des sketchs, c’est pas évident ! (rires) Quels sont tes prochains projets ? Je suis encore dans l’écriture de mon one man show, j’aimerais l’avoir terminé pour la rentrée 2014, pour le présenter à des théâtres et le jouer en entier. Je vais continuer le théâtre d’improvisation car j’adore ça, et avec mes camarades de La Brique, c’est encore mieux. Je me suis laissé un an pour essayer des choses, ça a mis du temps à prendre mais ça commence à marcher, alors je vais essayer de continuer.
Ton ambition ultime ? Ultime ? Jouer dans un film de Guy Ritchie, Martin Scorcese ou Quentin Tarantino :D Plus sérieusement, pouvoir vivre de ma passion ça serait déjà génial. Pour finir, découvrez un extrait du one man show de Gab au Rex de Toulouse :
Merci Gab ! La Page Facebook de Gab Twitter : @gabypoum