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Le jeudi 21 octobre 2021 avait lieu de 18h à 20h le premier live Twitch de WIZBII en collaboration avec Hugo Décrypte sur sa chaîne. L’occasion pour les invités d’échanger sur la précarité étudiante, l’entrée dans la vie active, l’entrepreneuriat et bien d'autres thématiques. Parmi eux, 3 étudiants dont Elyes Abassi que nous avons rencontré aujourd’hui pour parler de la table ronde et de son parcours entrepreneurial !
Salut Elyes, tu as récemment fait partie de la table ronde d’Hugo Décrypte organisée avec WIZBII, peux-tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Hello ! Je m’appelle Elyes, je suis en L3 sciences du langage à Aix-en-Provence et je suis aussi étudiant-entrepreneur depuis quelque temps. C’est en partie pour ça que j’ai été invité à la table ronde de WIZBII avec Hugo Décrypte, pour parler de mon début d’expérience dans l’entrepreneuriat.
Comment as-tu été choisi pour cette table ronde et comment l'as-tu vécu ?
Il y a quelques mois, j’ai participé à une émission d’Hugo Décrypte qui s’appelle Hexagone, au tournage de l’émission plus précisément. Hexagone, c’est une émission de débat sur un thème en particulier où il y a souvent 6 invités par exemple. J’ai connu toute l’équipe d’Hugo Décrypte à ce moment-là et j’en ai profité pour poser des questions à tout le monde pour savoir comment fonctionnait leur milieu. L’équipe est top et les membres de l’équipe m'ont bien apprécié. Donc quelques mois plus tard, l’équipe m’a contacté à nouveau pour venir parler pendant la table ronde !
Personnellement, j’ai adoré l’événement ! C’était hyper intéressant, peu importe les sujets. Chaque point de vue était top que ce soit le côté étudiant et jeune qu’on pouvait avoir avec Anabelle et Inès, ou bien le côté patron/entreprise avec Benjamin Ducousso, l’un des fondateurs de WIZBII. C’était vraiment top, il n’y avait aucune barrière entre nous, tout le monde était sur un pied d’égalité.
Quel sujet as-tu préféré évoquer/débattre pendant cet événement ?
Finalement, je n’ai pas eu de sujet favori. Peut-être les sujets qui ont touché l’entrepreneuriat avec le retour d’expérience qui me concernent directement en tant qu’étudiant-entrepreneur, mais ce que j’ai le plus apprécié c’était le côté humain de la table ronde. Les anecdotes, les échanges… c’était vraiment génial !
Super ! Nous avons appris que tu avais un projet entrepreneurial, peux-tu nous en dire un peu plus ?
Carrément ! Mon projet s’appelle Manyverse. C’est comme multiverse mais avec many à la place de multi. Pour résumer, c’est un jeu de rôle digital avec un narrateur et des joueurs. Le narrateur raconte une histoire et les joueurs incarnent un personnage dans cette histoire. Par des jeux de dés, ils avancent dans l’histoire et ils font des choix. Le tout sur une application.
Comment cette idée t’est venue ?
Il y a plusieurs raisons. La principale m’a sauté aux yeux au début du Covid. Quand j’étais en résidence étudiante, je me suis rendu compte qu’il y avait énormément d’étudiants qui étaient seuls, notamment des premières années qui n’avaient pas eu le temps de se faire des amis, de créer des liens. Des étudiants qui se retrouvaient seuls dans leurs 9m2. C’était très dur. J’ai fini par me dire que les jeux de rôles étaient la meilleure façon d’introduire les gens entre eux : cohésion d’équipe, solidarité etc.
Cependant, dans un jeu de rôle classique, créer des personnages est fastidieux. Ça peut prendre entre 1 heure et 1 heure et demi, ça consomme énormément de papiers avec 6 ou 7 fiches en face de nous pour jouer. Après, il faut acheter des livres de règles, des livres d’histoire… C’est complexe. Et quand on parle de jeu de rôle, on prend souvent l’exemple de Donjon et Dragon et tout de suite on a une image de geek qui se forme dans notre esprit, une image de secte où c’est difficile de rentrer. Je trouvais ça encore plus compliqué d’aller voir des étudiants ou d’autres personnes avec mes fiches de personnage, mon livret de règles, etc.
Du coup, j’ai voulu faire ça avec une application, mais je n’en trouvais pas. Pourquoi je n’en trouvais pas ? J’ai donc décidé de faire une appli qui propose un jeu de rôle où l’on peut créer son personnage en 15 minutes avec beaucoup plus d’immersion que dans les jeux de rôle classiques.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
En Licence 1, il y a 2 ans, j’avais une vue un peu péjorative du jeu de rôle. J’avais l’image qu’on avait tous : le petit geek à lunette peu soigné. On imagine mal un banquier en costume faire du jeu de rôle ! J’ai rencontré quelqu’un, très propre sur lui en chemise/cravate, qui me disait faire du jeu de rôle et m’a proposé d’essayer. J’étais sceptique mais je me suis lancé et j’ai adoré. J’étais dans une période un peu triste, seul, et ça m’a fait énormément de bien !
En jouant un rôle, on rentre dans un univers qui nous permet de nous donner confiance, de gagner en éloquence. C’est une sorte de safe place où personne ne se juge car tout le monde incarne un personnage. Donc j’ai croisé cette superbe expérience avec les problèmes que j’ai identifiés et j’ai voulu proposer un jeu de rôle pour permettre aux étudiants de se rencontrer, de briser la glace, d’apprendre à se connaître.
Qu’est-ce qui t'a poussé dans la voie de l’entrepreneuriat ?
Une anecdote m’a poussé à aller plus loin. J’ai testé Manyverse avec énormément de profils différents, mais je ne l’avais pas encore fait avec des inconnus. Alors j’ai contacté un bar à jeux, avec qui je suis en partenariat dorénavant, pour venir tester mon jeu avec des inconnus.
J’ai donc joué dans ce bar à jeux avec une équipe de 4 personnes dont un garçon très timide. Il était à fond dans son personnage, il le jouait très sérieusement, il était investi au max ! À la fin de la partie, il m’a demandé si on pouvait faire une nouvelle partie ensemble. Étant en phase de tests, je lui ai répondu que non puisque je devais aller voir les autres tables de jeux pour voir comment ça se passait mais qu’il pouvait garder l’application et y rejouer plus tard avec les personnes qu’il a rencontrées aujourd’hui, ou même de nouvelles. Sa réponse m’a étonné. Ce garçon m’a répondu : “Super, parce que j’adore les jeux de rôles, ça me permet de m’évader et de penser à autre chose car j’ai un cancer en phase 2. Du coup, je passe mes journées à l’hôpital et pouvoir incarner un personnage et jouer une aventure ça me fait du bien.” À partir de ce moment-là, je me suis senti investi d’une mission, c’était ma destinée de lancer cette application pour créer des liens et aider les gens !
Ensuite, des proches m’ont aussi poussé à aller plus loin. On m’a dit de me faire financer le projet. J’y croyais pas trop mais j’ai réussi à avoir quelques financements, notamment auprès du FSDIE, et c’est là que l’entrepreneuriat a vraiment commencé pour moi. Maintenant, je suis étudiant-entrepreneur avec PÉPITE qui m’accompagne régulièrement en parallèle des études et l’entrepreneuriat est de plus en plus envisageable pour moi alors que, plusieurs mois en arrière, je pensais que c’était irréel.
Quelles sont tes prochaines étapes avec Manyverse ?
Pendant les prochains mois, jusqu’à janvier 2022 à Aix-en-Provence, je vais contacter tous les étudiants qui ont pu se trouver seuls pendant la période Covid avec les confinements, ou qui n’ont pas forcément d’amis et qui souhaitent rencontrer du monde. Je vais leur permettre de se réunir et de faire des parties entre eux puis je vais leur laisser l’application qui est en pré Alpha pour leur permettre de jouer à nouveau entre eux et de rester en contact par la suite. Avec des jeux classiques, on ne peut pas vraiment faire ça.
Ensuite, avec ma petite équipe, on va travailler sur l’application et on va surtout faire une tournée des bars à jeux pour se faire connaître au maximum avant de lancer une campagne participative pour financer l’intégralité de l’application.
Et une fois que l’application sera finie et lancée, on aimerait beaucoup contacter des youtubers et streamers qui font du jeu de rôle pour leur présenter Manyverse car certains peinent avec leurs versions papiers de leurs jeux.
Est-ce que ça recrute chez Manyverse ?
Aujourd’hui, l’entreprise n’existe pas encore, donc au niveau du recrutement c’est compliqué. C’est plutôt un projet où quelques amis m’ont rejoint au fur et à mesure de façon bénévole et qui sont aujourd’hui pleinement dans le projet :
Roméo qui devait m’apprendre à coder et qui a rejoint l’équipage pour coder l’application quand je lui ai parlé du projet ;
Elena qui a rejoint aussi l’équipe pour la direction artistique lorsque je l’ai contacté pour dessiner les personnages, etc. ;
et enfin Hugo, qui me donnaient plusieurs conseils sans être à fond dans le projet car il était très occupé, a fini par nous rejoindre complètement.
Aujourd’hui, on est 4 à développer Manyverse et on va se cotiser pour monter un budget afin de développer l’entreprise.
As-tu des conseils pour les jeunes qui veulent se lancer dans un projet ?
Y croire au maximum ! Avoir du culot aussi. Il ne faut pas hésiter à poser des questions, à contacter des gens. Envoyer des mails, ça ne coûte rien. Demander des avis, accepter les critiques, aller en dehors de sa zone de confort. Il ne faut pas se dire non plus “je ne maîtrise pas ceci”, mais plutôt “je ne maîtrise pas ENCORE ceci”. L’objectif, ce n’est pas de réussir. L’objectif, c’est d’avancer continuellement, se servir de ce qu’on nous dit pour s’améliorer.
Parfait ! Merci beaucoup d’avoir répondu à toutes nos questions et d’avoir partagé ton expérience Elyes ! Manyverse est une super idée pour créer du lien entre les personnes. Vous pouvez suivre le projet sur Instagram en suivant @play.manyverse et très bientôt sur leur site internet.