Start-up coup de coeur : Super Marmite, le réseau social gourmand géolocalisé

Mis à jour le  16 avril 2019

Start-up coup de coeur : Super Marmite, le réseau social gourmand géolocalisé

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Sommaire :

Né en 2010, Super Marmite est le 1er réseau social gourmand géolocalisé qui met en relation gastronomes pressés en quête de repas et cordons bleus qui cuisinent à proximité. L’idée : proposer à des personnes qui veulent cuisiner de préparer des portions supplémentaires et de les vendre en ligne, et à d’autres, qui manquent de temps, de chercher leur repas en consultant les plats proposés par des particuliers dans leur quartier. Une manière de recréer du lien social de proximité autour de la thématique de la cuisine, mais aussi d’éviter le gaspillage. Séduits par ce concept communautaire, nous avons décidé d'en savoir plus sur le projet et sur son jeune fondateur, Olivier Desmoulins.

Bonjour Olivier !

Peux-tu nous expliquer ton parcours ? Comment passe-t-on du design à l’entrepreneuriat ?

J’ai une formation initiale d’ingénieur en électronique, mais je m’intéressais depuis longtemps au design (particulièrement au design d’édition et au design d’objets physiques). C’est ce qui m’a motivé, après une 1ère année comme développeur informatique dans l’automobile, à changer de direction et à franchir la porte de Strate Collège designers pour un master post diplôme en design et innovation. Ce qui est drôle, c’est que si j’y suis rentré initialement par intérêt pour le design d’objets, c’est au final une passion pour le digital et l’innovation que je m’y suis découvert. Durant ce cursus, j’ai eu l’opportunité de travailler sur des projets pour Microsoft, puis chez InProcess, une agence de design et innovation, sur des projets de design de service pour des grands groupes comme la RATP ou Nokia. En parallèle, j’ai commencé à travailler sur un projet personnel lié à l’univers du voyage. Pendant plusieurs mois j’ai conceptualisé un projet entrepreneurial web et mobile dans cet univers. Ma démarche de l’époque, avait tendance à valoriser principalement la réflexion, l’intuition  et la créativité. Cela a aboutit à un concept d’une complexité énorme mais malheureusement pas le début du prototype qui m’aurait permis d’en savoir plus sur mon projet et son hypothétique intérêt sur le marché. A cette période, j’ai rencontré fabernovel, et leur ai présenté mon projet. Tout en me montrant son caractère flou et peu réaliste, ils m’ont proposé de rejoindre af83, une des sociétés qu’ils venaient de co-créer, spécialisée dans l’innovation sur le digital et avec une composante tech assez importante. Cela m’a permis de concevoir et gérer de multiples projets web, pour des grands comptes (Accor, SFR) et des startups (Welovewords, Agoroom, Décogalerie,…), mais aussi et surtout de bouleverser ma manière d’appréhender un projet digital. Si l’école d’ingénieur et mon court passage dans l’industrie automobile m’avaient initié au développement en cycle en V et à des process de conception très long, j’ai ensuite découvert au contact d’af83 et des startups pour lesquelles nous avons pu intervenir des process plus agiles et courts, valorisant l’exploration et la conception par itération. De l’idée à la mise sur le marché d’un projet, le chemin semblait alors plus court et plus vertueux, dans la mesure ou une approche itérative est aussi un bon terreau pour rentrer dans une démarche d’UX en s’appuyant sur les retours des utilisateurs et avec l’aide de capacités de production permettant une bonne réactivité sur le projet. C’est ce qui m’a motivé pour lancer Super Marmite. Au départ une simple idée pour mettre en relation ceux qui cherchent un repas avec les personnes qui cuisinent à proximité, Super Marmite est devenue un prototype en ligne en 2 mois qui rapidement beaucoup évolué en fonction des réactions des utilisateurs et visiteurs.

 Est-ce plus compliqué d’entreprendre à moins de 30 ans selon toi ?

C’est une bonne question et il n’y a sans doute pas une réponse binaire universelle et définitive. Pour ma part, je n’ai pas entrepris directement à la sortie de l’école et les 3 années à peaufiner mon expertise et ma culture du web au sein d’une agence m’ont été assez utiles pour me lancer. Cela m’a permis d’enrichir mon expérience, mon réseau et d’avoir une réserve d’argent nécessaire pour démarrer mon projet. En revanche, il est indéniable que l’aventure entrepreneuriale est intrinsèquement riche d’enseignements nouveaux que je n’avais pas pu appréhender préalablement. Monter une start-up, ce n’est pas seulement développer un produit ; c’est aussi monter un business avec des ressources à gérer, prospecter des clients, gérer de l’administratif, se plonger dans le juridique etc… Ces choses là, je ne les avais pas découvertes avant de lancer Super Marmite et en ce sens, il m’arrive de regretter de ne pas avoir démarré plus tôt. J’ai beaucoup d’admiration pour certains entrepreneurs qui démarrent leur entreprise alors qu’ils sont encore à l’école. Je suis assez impressionné par l’équipe de Learning Shelter, dont les fondateurs n’ont pas encore fini leurs études et qui viennent de lever 200 000 euros après démontré les principales hypothèses de leur business model sur la première version de leur plateforme de cours particuliers en ligne. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai participé à cette levée de fonds, mais surtout, ce que montre cet exemple, c’est qu’avec une vraie vision entrepreneuriale, une capacité de travail, d’apprentissage, et un mélange équilibré d’abnégation et de remise en question, la jeunesse n’est pas un frein à l’entrepreneuriat, loin de là. En outre, elle offre un mode de vie souvent plus favorable dans la mesure où les moins de 30 ans ont généralement des charges plus légères.

Comment s’organise ta start-up en termes d’équipe ?

Super Marmite est organisé autour de 3 compétences : le design, le développement technique et le community management. Le community management étant le lien entre la communauté et l’équipe produit (design et dev).

Comment a évolué la croissance de Super Marmite depuis sa création ? Combien de propositions de repas peut-on trouver ?

Nous avons lancé Super Marmite comme un simple prototype, puis nous avons fait croître le nombre d’inscrit progressivement au fil des évolutions du site. Aujourd’hui il y a environ 20000 membres situés surtout dans les grandes villes. En fonction des semaines et des villes, on a entre 30 et 50 commandes par jour. Ce n’est pas encore assez, mais l’usage se construit et progresse.

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Quel est votre business model ?

Pour le moment, le site est 100% gratuit. Nous avons monétisé certaines opérations de promotions de cuisiniers auprès de marques ou de marques auprès de notre communauté, mais le business model à mettre en place et que nous n’avons pour le moment pas encore décidé d’activer serait une prise de commission ou un abonnement premium pour des cuisiniers bénéficiant de features avancées. En parallèle, Super Marmite s’autofinance grâce à son activité de conseil en design et innovation. Nous avons ainsi travaillé pour de nombreux clients (grands comptes et startups) pour des prestations de conseil en stratégie digitale et en UX design. Le dernier projet en date est notamment la conception et le design UX/UI du site zaptravel.com,  un moteur de recherche de voyage sémantique, qui propose de trouver les meilleurs deals de voyage en fonction de vos inspirations.

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Les utilisateurs ne sont-ils pas réticents au départ à déguster la nourriture d’inconnus ?

C’est une bonne question et c’est précisément la première que nous avons voulu tester en lançant notre prototype. Il y aura bien entendu toujours quelques personnes trop frileuses pour tenter l’aventure. Mais, comme pour des sites comme Airbnb, qui vous propose de loger chez des inconnus, l’un des enjeux est de capitaliser sur les réseaux sociaux et les feedbacks inter membres de communautés pour montrer le niveau de confiance que l’on peut accorder à nos membres. Sur Super Marmite, chaque interaction entre membres de la communauté est évaluée. Les cuisiniers sont évalués par les gourmands grâce à une note sur 10 et un commentaire. Les gourmands sont évalués par les cuisiniers qui indiquent si tout s’est passé correctement ou pas. Ces infos sont ensuite visibles pour le reste de la communauté, ce qui permet de faire ressortir les meilleurs cuisiniers et garantir le niveau de confiance.

Le mot de la fin ?

Hé bien… Je dirais, à tous les entrepreneurs en herbe, foncez, mais ne vous épuisez pas ! Plus précisément, le passage à l’acte, même non maîtrisé, est très riche d’enseignements. Démarrez simplement, avec les moyens du bord faites en sorte de mettre sur le marché votre produit ou votre service, même s'il n'est pas aussi aboutit que vous l'auriez souhaité. Puis progressivement faites avancer votre projet, testez vos hypothèses, sans vous essouffler ni perdre la foi. Un point très important que j'ai découvert progressivement, c'est que l'entrepreneur est vraiment celui qui a toutes les clés de son projet en main. Lorsqu'un entrepreneur échoue, ce n'est jamais la faute des autres, c'est uniquement de sa faute et c'est à lui de trouver les moyens de rebondir. Un penchant naturel pourrait nous pousser à chercher des excuses ailleurs, à incriminer ses associés, le contexte économique, l'écosystème ou le manque d'investisseurs etc... Cette attitude est négative et contre productive. En réalité, les entrepreneurs qui réussissent se donnent les moyens de surpasser ou contourner les problèmes qu'ils peuvent rencontrer. C'est une attitude positive et combative face à l'adversité qui fait leur différence. Merci Olivier :) ! Retrouvez Super Marmite : Site officiel et sur Facebook Crédit Photo ©François Tancré photographe

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