Retours d’expérience de crowdfunding : 5 erreurs à éviter et 5 bonnes idées à conserver

Mis à jour le  18 avril 2019

Retours d’expérience de crowdfunding : 5 erreurs à éviter et 5 bonnes idées à conserver

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Sommaire :

Beyond Croissant vient de boucler une collecte de crowdfunding (ou « financement participatif ») de plus 5000 euros sur Kiss Kiss Bank Bank. 60 jours de tension ajoutée à mon quotidien d’entrepreneure, aboutissant heureusement au succès de la campagne, qui était loin d’être acquis. Et si c’était à refaire ? On en apprend tous les jours, voici mon bilan de ces deux mois.

Les 5 erreurs que je ne referai pas

1/ Faire comme si tout le monde savait ce qu’est le crowdfunding

Au lancement de l’opération de crowdfunding, j’ai diffusé l’information du démarrage et de la durée de la collecte auprès de mes proches, en les renvoyant d’une part à la présentation du projet sur notre blog, d’autre part à la page de présentation du projet sur Kiss Kiss Bank Bank. Je me suis assez rapidement rendue compte qu’à vouloir faire trop court et insister sur l’objectif de la collecte, j’en avais presque oublié d’en rappeler les modalités très concrètes : la majorité des gens ne sait pas ce qu’est le crowdfunding. Même des amis très attentifs à l’évolution de Beyond Croissant n’ont absolument pas compris ce à quoi j’appelais, et j’ai dû, à mi-parcours de la collecte, refaire un mail bien plus concret sur la démarche à effectuer, en partant tout simplement de la FAQ de Kiss Kiss Bank Bank. Ainsi, n’hésitez pas à rappeler très clairement ce que vous demandez, ce que sont les contreparties et pourquoi elles existent (en rappelant si c’est votre cas qu’une levée plus importante est en cours, ouvrant le cas échéant au capital, etc.), et surtout que si votre objectif chiffré n’est pas atteint, vous repartirez sans rien. Aucun de ces derniers messages n’était à l’origine passé auprès de mes proches, et la collecte n’a véritablement décollé qu’à partir du moment où je suis revenue à ces fondamentaux.

2/ Ne pas traduire le descriptif en plusieurs langues

Alors que notre site est disponible depuis son lancement en français et en anglais, qu’une bonne partie de notre cible est internationale et qu’il est parfaitement possible sur Kiss Kiss Bank Bank de présenter son projet dans ces deux langues, je n’avais à l’origine effectué cette présentation qu’en français, par une volonté d’aller vite qui avec le recul était peu justifiée. C’était une erreur que l’on m’a rapidement fait remarquer, que nous avons corrigée à la va-vite avec une traduction approximative.« Améliorer la traduction » a été sur ma to do list pendant des semaines, et finalement je ne m’en suis jamais occupée. Si c’était à refaire, j’aurais passé davantage de temps à la soigner avant le lancement, en particulier lorsque je constate, au final, le nombre de contributeurs « inconnus » à notre collecte.

3/ Ne pas rendre la nécessité de la contribution suffisamment évidente

Une erreur fréquente en communication : oublier que les lecteurs n’ont pas beaucoup de temps d’attention disponible, en particulier sur Internet, et qu’ils doivent comprendre immédiatement ce que vous dites. J’avais présenté les objectifs et raisons d’être de la collecte en plusieurs billets sur le blog de Beyond Croissant, en imaginant que les lecteurs de la présentation sur Kiss Kiss Bank Bank les consulteraient, et inversement que les lecteurs de notre blog, comprenant immédiatement ce que nous cherchions à améliorer et pourquoi nous faisions appel au crowdfunding pour le faire, seraient incités à aller contribuer. Le problème est que ce qui vous semble évident ne l’est pas forcément pour tout le monde ! Si nombreux ont compris pourquoi nous faisions appel au financement participatif, peu en ont déduit que nous en avions réellement besoin, tous montants de contribution confondus : beaucoup ont découvert le concept lui-même (et y ont largement adhéré) sans s’attarder sur la collecte… Quand on s’attaque au porte-monnaie, le lien entre « c’est une excellente idée » et « je contribue » doit être rendu le plus évident possible. Je n’avais pas suffisamment soigné ce point, même en détaillant la répartition de la somme collectée sur la présentation du projet. Si c’était à refaire, d’une part, je retravaillerai entièrement cette présentation pour la rendre plus courte et plus auto-suffisante. D’autre part, je passerai plus de temps à m’entrainer à répondre à la question « en lisant ceci, est-ce que tu contribuerais ? », voire à la « tester » auprès de proches peu habitués à lire ce type de présentation en leur posant la même question. Une opération de crowdfunding doit fonctionner au coup de cœur, et passionnée par ce projet, j’en ai presque oublié d’expliquer ce qui valait le coup de cœur.

4/ Choisir la mauvaise plateforme de financement participatif

Nous avons fait un choix affectif en lançant notre collecte sur Kiss Kiss Bank Bank, puisque le premier événement OuiShare auquel nous avons assisté était organisé en partenariat avec cette plateforme, comme nous l’avons expliqué sur notre blog. Au bout d’un mois de collecte, j’ai réalisé que notre projet dénotait au milieu des autres sur la même plateforme, qui rassemble avant tout des projets créatifs, portés par des personnes physiques ou des associations, alors que nous sommes une entreprise. Avec le recul, il aurait sans doute été plus pertinent, face à l’offre de plateformes du même type, de choisir une plateforme davantage destinée aux projets entrepreneuriaux, à l’exemple de Reservoir Fund. Je ne regrette pas réellement ce choix (et nous avons tout de même réussi la collecte), mais s’il est une chose que j’apprends chaque jour, c’est que le support importe souvent autant que le message, en termes de visibilité comme de cohérence de ce message. Ne même pas se poser la question du support était certainement une erreur.

5/ Élaborer la stratégie de communication au fur et à mesure plutôt qu’en amont

Il s’agit sans doute de la plus grande erreur de cette campagne de crowdfunding : si j’avais pris quelques notes sur les choses à faire pour la promouvoir, je n’avais élaboré aucune stratégie de communication à proprement parler autour de cette collecte. Le résultat a été extrêmement bancal. Me faisant rattraper par toutes les autres priorités de mon quotidien d’entrepreneure, je l’ai élaborée au fur et à mesure, souvent dans l’urgence, et cela a sans le moindre doute été beaucoup moins pertinent et efficace qu’une campagne élaborée en amont. C’est ainsi seulement à mi-parcours, soit au bout d’un mois de collecte et alors qu’il n’en restait qu’un, que j’ai réalisé qu’il fallait sérieusement se consacrer à cette communication. Heureusement, cela a aussi mené à quelques bonnes idées.

Les 5 bonnes idées à conserver

1/ Diffuser un décompte photo avant la date fatidique

Voyant le compteur des contributions peu encourageant trois semaines avant la date fatidique qui aurait signifié l’échec de la collecte, j’ai cherché à faire ce que j’aurais du faire depuis le début : trouver des moyens d’impliquer chaque personne découvrant, d’une manière ou d’une autre, l’existence de cette collecte. Parmi les idées à retenir, celle d’un décompte photo , facile à partager sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook, et rappelant aux potentiels contributeurs l’urgence relative de leur participation. Non seulement ce décompte a permis à mes contacts de diffuser efficacement le message auprès de leurs contacts, mais surtout il a incité toutes ces personnes à réaliser que le temps était compté.

2/ Organiser un ou plusieurs évènements pour mobiliser (et/ou remercier) les contributeurs

Autre élément que j’avais négligé : l’organisation d’un événement pour mobiliser les contributeurs existants ou futurs. En effet, comme nous proposions des repas chez nous en contrepartie, je n’avais pas envisagé la possibilité d’en organiser pendant la collecte, le cas échéant en laissant un ordinateur à disposition pour contribuer sur place. L’erreur a été réparée un peu plus de deux semaines avant la date fatidique, pour un événement organisé quatre jours avant cette date. Le bénéfice a été double. D’une part, inviter l’ensemble de ses contacts à l’événement leur rappelait l’existence de la collecte et le besoin réel de leurs contributions. Etant invités à cet événement, ils ne pouvaient plus ignorer vos appels à participation, même s’ils étaient indisponibles pour l’événement lui-même. D’autre part, l’événement lui-même (auquel près de 10% seulement des invités ont finalement été présents) nous a fourni de précieux retours et encouragements, ce qui n’est jamais du luxe. Les invitations ont été lancées parallèlement au décompte photo : en 15 jours seulement, la collecte était bouclée.

3/ Mobiliser tant les proches que les utilisateurs

En suivant maladroitement les conseils des plateformes de crowdfunding, je m’étais concentrée avant tout sur la mobilisation des proches (entendu comme la famille, les amis, jusqu’aux contacts Facebook), bien peu sur celle des utilisateurs de nos services. Bien sûr, comme mentionné plus haut, j’avais diffusé l’information dans notre newsletter, en signature de mes mails professionnels (y compris de relation client) et sur nos pages Facebook et Twitter. Il reste que c’est seulement lorsque je me suis souvenue que c’était pour nos utilisateurs, pas nécessairement nos proches (l’inverse est parfois vrai :) ), que nous collections des fonds sur Kiss Kiss Bank Bank, que je me suis davantage préoccupée de rendre nos messages lisibles. N’oubliez jamais que si vos proches sont votre premier public, parce qu’ils vous apprécient, vous ne collectez pas pour eux mais pour la foule du reste de votre public.

4/ Contribuer !

Je ne suis pas peu fière que nous n’ayons pas eu à compléter les contributions en fin de collecte pour atteindre l’objectif de celle-ci, comme je m’attendais pourtant largement à le faire. Pour autant, nous ne nous en cacherons pas, Sarah-Louise, mon associée, et moi-même avons toutes les deux contribué, à mi-parcours, certainement par peur de ne pas atteindre notre objectif, également pour démontrer que la collecte progressait. C’était surtout un peu notre manière de (nous ?) dire que nous y croyions toujours et de rappeler que nous étions les premières à avoir mis la main au porte-monnaie.

5/ Garder le sens de l’humour

C’est un peu l’une des marques de fabrique de Beyond Croissant, et nous y tenions : au quotidien comme pour cette collecte, nous avons cherché à garder le sens de l’humour, et à ne jamais dramatiser ni la date fatidique de fin de collecte, ni le besoin (réel) des fonds collectés. Je me souviens m’être beaucoup amusée à rédiger le descriptif de l’équipe, par exemple. Pleurnicher ne donne sens à personne, et les contributeurs à votre collecte y participent parce que votre projet fait sens. Détendez-vous, riez un peu, c’est encore le meilleur moyen de fédérer une communauté.

Merci à tous !

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